L’avant-projet de loi de finances complémentaire 2018 suscite d’ores et déjà des remous. Les arguments et justifications avancés, jeudi, par le Premier ministère n’ont pas convaincus des partis politiques qui pensent que le démenti du chef de l’Exécutif est en soi une confirmation des données révélées ces derniers jours. Le parti de Louisa Hanoune qualifie d’irrecevable les arguments d’Ahmed Ouyahia. «Ce document demeure, certes, un avant-projet de loi, donc susceptible d’être modifié en Conseil des ministres, mais en attendant de découvrir son contenu, nous réfutons ces nouvelles taxes ainsi que les arguments d’Ouyahia», tranche Ramdane Taazibt. Il est clair pour le PT que le gouvernement est incapable d’apporter les solutions appropriées aux nombreux problèmes qui rongent l’économie nationale, notamment l’absence de contrôle et de justice indépendante. Etant en panne, le gouvernement continue, selon M. Taazibt, d’accabler les citoyens aux faibles revenus. Ces taxes sont, de l’avis du PT, une nouvelle «attaque violente» contre le pouvoir d’achat de la majorité du peuple. Pourtant, rappelle M. Taazibt, ils existent d’autres moyens pour faire face à la crise, entre autres, le recouvrement des impôts, l’impôt sur la fortune, la lutte contre la corruption et la surfacturation. Seulement le gouvernement préfère, déplore le PT, dépouiller la majorité du peuple qui se paupérise que de s’attaquer aux politiques qui ont ruiné notre pays. «Le système en place montre, plus que jamais, son incapacité à régler le moindre des problèmes qui accablent la nation, d’où notre campagne pour un vrai changement par l’élection d’une assemblée nationale constituante, seule à même de stopper la marche vers l’abîme», avance M. Taazibt. Le RCD, par le biais de la député Fata Saddat, pense que le gouvernement paupérise ceux qui sont pauvres et épargne les rentiers. Ces nouvelles taxes sont, d’après elle, un aveu d’échec de la politique économique. «Le gouvernement est incapable de faire face à l’inflation galopante, il n’a pas pu ramener l’argent de l’informel dans le circuit formel, alors il décide de faire supporter aux citoyens des charges supplémentaires», dénonce la député du RCD, qui demande au gouvernement de rendre des comptes avant de penser à toucher aux portefeuilles des ménages. Le chef du gouvernement a toujours dit, rappelle Mme Saddat, que l’Algérie va rentrer dans une ère d’austérité et, par conséquent, il faut s’attendre au pire. «Etant donné que notre économie est basée sur la rente et que le système est incapable de diversifier d’autres secteurs, le pouvoir continuera à demander aux pauvres citoyens de supporter des charges. Avec ces nouvelles taxes, l’Algérien payera plus cher que les autres pays le passeport. C’est peut-être une manière de le dissuader de solliciter un passeport», ironise Mme Saddat. Le Racket à ciel ouvert Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), dénonce la défaillance du gouvernement en matière de communication. «Le gouvernement n’est jamais dans une posture de communication, il vient à chaque fois en réaction à une action et en plus il se dit offusqué de l’interprétation que l’on donne à certaines informations. Nos dirigeants n’ont pas appris les leçons du passé», déplore Mme Assoul qui qualifie d’inadmissible de faire, encore une fois, supporter aux citoyens des charges pour renflouer la caisse de l’Etat. «On parle depuis des années de la réforme de l’administration. Un projet dans ce sens a été élaboré pour justement éviter aux citoyens des documents et des frais supplémentaires. Où est ce projet ? Pourquoi tarde-t-il à voir le jour ?» s’est interrogée la présidente de l’UCP, qui dénonce la facilité avec laquelle le gouvernement gère les affaires de l’Etat. Pour Mme Assoul, l’argent pour faire face à la crise existe, il faut cependant le chercher là où il se trouve. «Au lieu de chercher dans les poches des citoyens qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, le gouvernement devrait imposer l’impôt sur la fortune, il faut une réforme profonde de la fiscalité, lutter contre la corruption et les malversations», affirme Mme Assoul proposant au gouvernement de trouver des solutions efficaces en concertation avec l’ensemble des partenaires et non contre eux. Soufiane Djilali de Jil Jadid ne trouvent pas d’explication à ces nouvelles augmentations. Pour lui, un fonctionnaire, qui touche le SMIG et ayant à sa charge trois enfants, ne peut nullement se permettre de demander une carte d’identité, et les frais d’impression avancés par le Premier ministère sont exagérés. «C’est le racket à ciel ouvert», accuse M. Djilali.
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