Contrairement à l’année écoulée, la tradition incontournable des achats de vêtements de l’Aïd El Fitr pour les enfants semble être boudée, durant le mois de Ramdhan, par la majorité des parents, particulièrement ceux de la classe moyenne. Faisant le tour de la ville de Constantine sur plusieurs jours, il est aisé de constater une ruée vers les marchés d’alimentation, de bricoles de maison et de pâtisserie, sauf vers les commerces des habits pour enfants. Une réticence assez particulière a caractérisé le mode d’achat des familles constantinoises, qui se préparent à la fête de l’Aïd El Fitr. «Depuis le début du Ramadhan, je n’ai vendu que deux tenues. Les clients examinent les articles, demandent les prix puis ils quittent le magasin. D’habitude, la première quinzaine du mois est la période préférée pour l’achat des vêtements pour enfants, afin d’éviter la hausse des prix durant les dix derniers jours de ce mois. Cette fois-ci, j’étais sidéré», a déclaré le propriétaire d’un magasin à la rue Larbi Ben M’hidi. Ce dernier s’est dit même inquiet. «Je suis sous le choc, car je n’ai jamais vécu une situation pareille. J’étais contraint de solder les prix des pièces neuves à plus de 20 %, pour que je puisse au moins récupérer mon argent. Pourtant, il n’y a pas eu une importante augmentation des prix, je pense que cela est dû à la baisse du pouvoir d’achat des citoyens», notera-t-il. Notre interlocuteur n’a pas hésité à exprimer sa déception, voire son angoisse, estimant que la situation est alarmante. «Si nous continuons à ce rythme, la majorité des vendeurs de vêtements fermeront leur boutique», révèle-t-il. Le même constat a été signalé pour les magasins de la rue 19 Juin 1965 (ex-Rue de France). Un commerçant que nous avons visité affirme avoir soldé les prix à 50 %, afin d’attirer la clientèle. Une robe pour une fillette d’un an à 3 ans coûte entre 1 900 et 3 000 DA. Pour les autres tenues, le prix dépend de la marque. Selon lui, les gens optent pour les produits chinois ou la basse gamme turque, pour ne pas trop dépenser. Il est évident que la population demeure réticente face aux articles importés de Turquie, de France, d’Espagne, d’Italie ou même face au premier choix de la Chine. «Il est question de pouvoir d’achat, rien de plus. Et nous, en tant que commerçants, nous devons résister, en réduisant les prix, pour répondre à la demande. Même si cela ne nous arrange pas», a-t-il lancé. Une idée partagée par la majorité des commerçants interrogés. Un autre commerçant nous a affirmé que la hausse des prix de gros des articles vestimentaires peut dépasser 30%. Selon lui, le prix d’un pull ou une liquette a connu une légère hausse de 200 à 300 DA. «Et malgré cela, nous ne comptabilisons pas cette hausse, en vendant au détail», a-t-il dit. 10 000 DA pour une tenue de qualité Côté consommateurs, la situation n’est pas meilleure que celle du commerçant. Nombreux étaient les acheteurs rencontrés qui ont critiqué les prix élevés des articles. «Certes, il n’y a pas eu une hausse importante des prix des articles vestimentaires cette année. Mais en parallèle il y a eu une hausse des produits alimentaires et autres. Cette crise ne nous permet pas d’acheter des tenues complètes pour tous nos enfants, vu que nous dépensons plus de 50 % du budget dans la bouffe», nous a déclaré un père de famille. Une autre maman a jugé que la tenue de l’Aïd est considérée, désormais, comme un luxe. Selon elle, une tenue de qualité ne coûte pas moins de 10 000 DA. En effet, une simple robe de marque turque ou française, pour des filles en bas âge, coûte entre 2 000 et 7 600 DA. Parfois 8 000 DA. Pour les pulls destinés aux filles ou garçons, le prix varie entre 1 700 et 3 000 DA, sans compter les pantalons qui coûtent plus de 2 800 DA. Pour les chaussures, le client se trouve en face des produits algériens ou chinois d’un prix estimé à 1 900 DA ou articles d’origine turque ou espagnole à partir de 2 600 DA. Des prix qui changent selon la qualité, la marque et le pays de provenance. Car, dans les quartiers de la vieille ville, les prix sont plus raisonnables. Ces magasins sont dotés des pulls à 400 DA et de tenues complètes entre 2 000 et 2 800 DA. Mais la qualité n’est pas satisfaisante. «Les tenues qui se vendent ici sont à mettre au maximum 5 fois pour les jeter après. La situation pourrait être plus raisonnable si les Algériens se mettaient à fabriquer les vêtements pour enfants», a regretté une institutrice rencontrée à R’cif.
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