De nombreuses visites sont effectuées depuis quelques semaines par les inspecteurs du ministère de l’Industrie et des Mines sur les projets d’investissement pour la fabrication de bandelettes d’autosurveillance glycémique. Ces inspections ont pour but, avons-nous appris de sources sûres, de s’enquérir de l’état d’avancement des nouveaux projets, vérifier les installations existantes et s’informer sur l’ensemble des points relatifs aux capacités de production, au montant d’investissement et notamment les objectifs à atteindre. Trois équipes sont réparties sur les différents sites à travers les wilayas du pays, dont certains sont encore des terrains vagues à ce jour. Ces visites ont été clôturées lundi à Tizi Ouzou et à Constantine. Des inspections concerneront également d’autres projets de fabrication de médicaments. Après avoir engagé des audits dans les usines de fabrication de ces bandelettes – usines de Salem à Sétif et Neomédic à Constantine –, un préalable a été déposé par la direction générale de la pharmacie au ministère de la Santé pour valider les programmes d’importation pour l’année 2018, le ministère de l’Industrie a été instruit par le gouvernement d’engager des inspections sur les sites de fabrication des détenteurs d’agrément afin de faire le point sur la situation réelle du marché des bandelettes, dont la capacité avoisine les 13 millions de boîtes par an pour une enveloppe de 140 millions d’euros. Un marché convoité par une dizaine d’exploitants, dont la grande partie du marché importée revient aux trois fournisseurs, à savoir Roche diagnostics, Life Scan et Ascencia Diab Care, suivi de Vital Care, Bionime, Néomédic et Kinane. La libération des programmes d’importation pour l’année 2018 est ainsi bloquée en attendant le rapport final de toutes ces inspections du ministère de l’Industrie, selon le ministère de la Santé. Des sources bien informées révèlent que des pressions sont exercées, depuis quelques mois, sur le ministère de la Santé pour «faire bénéficier» la société japonaise Ascensia Diabetes Care, créée en 2016 par l’acquisition de Bayer Diabetes Care par le japonais Panasonic Healthcare Holdings, du programme d’importation des bandelettes. D’ailleurs, le ministre a même donné des instructions pour réétudier le dossier en question. La société a effectivement déposé un dossier en mars 2018, juste après la création de la société Ascencia Algérie en février 2018, alors que la date limite des dépôts des programmes était fixée au 14 octobre 2017 par la note ministérielle du 8 août 2017. Avant cette date, un programme d’importation pour les produits d’Ascencia avait, par ailleurs, été déposé par les laboratoires Biopharm, son distributeur exclusif, conformément à la réglementation, avec qui des négociations ont été engagées pour un projet de fabrication des bandelettes en Algérie. Une audience a été d’ailleurs accordée en novembre 2017 au président d’Ascencia en compagnie du président et du directeur de Biopharm par le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, pour justement présenter ce projet et formuler officiellement leur volonté de s’inscrire dans la politique du gouvernement algérien. Quelques semaines plus tard, le même ministre de la Santé reçoit une nouvelle délégation, le président d’Ascencia accompagné de son nouveau partenaire local Imedial, dans le cadre aussi d’un projet industriel. Ce qui a conduit à la création de la filiale Ascencia Diabetes Care Algérie en fin février 2018. Contacté par nos soins, le représentant d’Imedial, Amir Touafek, précise : «Nous sommes en charge de la mise en œuvre technique du transfert technologique et de l’implantation du projet industriel, en accord entre Imedial et Ascencia» sans donner plus de détails. «Comment la société, en l’espace d’un mois juste après la création de la filiale en février, dépose un programme à l’importation pour l’année 2018 alors que la date de dépôt est dépassée, sans que la direction de la pharmacie ne s’en soucie. Comment a-t-elle (la société) pu avoir toutes les autorisations (registre du commerce, agrément, etc.) en ce laps de temps sans que le ministère ne s’inquiète d’abord sur le changement rapide du partenaire d’Ascencia sans avoir été informé et surtout la réception du dossier pour le programme à l’importation ?» s’interroge notre source, qui estime qu’«il y a encore de nombreuses questions autour de ce dossier qui suscite de vives inquiétudes des opérateurs de la pharmacie et des malades». Ainsi, poursuit notre source, la situation de blocage que connaît aujourd’hui les programmes à l’importation des bandelettes est essentiellement liée à cet arbitrage auquel le ministre de la Santé doit se livrer, puisque le dossier est actuellement à son niveau. Les opérateurs qui se sont engagés dans la fabrication dont certains entreront en production en septembre 2018, poursuit notre source, doivent être privilégiés par rapport à d’autres qui comptent fabriquer dans les deux à trois années prochaines.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire