Lors des gardes à vue, les mis en cause ont été interrogés sur leurs pratiques religieuses, l’origine de l’argent collecté, leur relation à l’Etat et sur la présence de responsables haut placés qui appartiendraient au mouvement, détaille l’avocat. Le procès des 26 Ahmadis interpellés le 10 mars 2017 dans plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa se tiendra aujourd’hui au tribunal d’Akbou. Les mis en cause sont poursuivis sous les chefs d’inculpation d’«offense à l’islam», «constitution d’association illégale» et «collecte illégale d’argent». La Ligue de défense des droits de l’homme (LADDH) qui suit l’affaire dès le début à travers ses avocats, Mes Ikken Sofiane et BelamriI Yasser, «a plaidé pour la libération des prévenus et l’abandon de l’ensemble des poursuites», précise un communiqué de la Ligue rendu public dimanche. «Nous plaidons pour leur acquittement car il s’agit d’une atteinte à la liberté de culte et de conscience consacrée par la Constitution et le droit international des droits humains», signale le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi. Le procès qui s’ouvre à Akbou est le premier dans cette wilaya, alors que la Ligue a recensé à travers son Observatoire algérien des procès (OAP), «300 personnes poursuivies dans tout le pays», précise M. Salhi. Tout a commencé en mars 2017 par la perquisition des gendarmes au domicile de celui qui sera présenté comme le premier responsable des Ahmadis dans la région, Amsis Hocine, originaire de Seddouk. «Des objets (ordinateurs, livres, tenues, etc.) ont été saisis au domicile du concerné. Des preuves de l’allégeance au calife de la mouvance, en Angleterre, auraient été découvertes dans les documents du concerné», signale l’un des avocats des prévenus, Me Sofiane Ikken. D’autres adeptes du mouvement originaires de Seddouk, Ouzzelaguen, Sidi Aïch, Béjaïa seront également interpellés. «La plupart ont un niveau universitaire ; ils sont enseignants, comptables. Ce sont également des couples. Il y a donc des femmes, dont une est âgée», précise l’avocat. Lors des gardes à vue, les mis en cause ont été interrogés sur leurs pratiques religieuses, l’origine de l’argent collecté, leur relation à l’Etat et sur la présence de responsables haut placés qui appartiendraient au mouvement, détaille l’avocat. Plaidoyer pour l’acquittement Les prévenus seront présentés devant le procureur qui décide de renvoyer leurs dossiers devant le juge d’instruction. «Les 29 personnes entendues par le juge seront placées sous contrôle judiciaire. Deux d’entre elles ont pu bénéficier d’un non-lieu. Le procureur a décidé de faire appel de la décision mais la chambre d’accusation a confirmé l’ordonnance du juge», poursuit Me Ikken. Comparaissant aujourd’hui en première instance et pour la première fois, les prévenus sont poursuivis sous les chefs d’inculpation d’«offense à l’islam», «constitution d’association illégale» et «collecte illégale d’argent». Leurs avocats plaideront l’acquittement. «Nous défendrons le principe de la liberté de culte consacrée par la Constitution et les conventions ratifiées par l’Algérie. Comment cherche-t-on à s’intéresser à ce qui se déroule derrière les murs de particuliers ? Sur la collecte de l’argent, la loi doit s’appliquer pour tous ceux qui font des quêtes, sur la voie publique, les associations…», soutient l’avocat. La campagne contre les Ahmadis se poursuit depuis au moins deux ans. Selon le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, la communauté ahmadite a planifié d’impliquer l’Algérie dans ce qui est appelé le «printemps arabe». C’est sur la foi d’un rapport, indique le ministre, que cette «secte» a été empêchée de «s’incruster» dans la société algérienne. M. Aïssa a précisé dans une autre déclaration que des adeptes poursuivis «ne le sont pas pour la pratique de leur culte religieux, mais pour leur adhésion à une association non agréée et leur collecte de dons sans autorisation».
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