mardi 29 mai 2018

Vers de nouvelles restrictions

«Les Algériens représentent la deuxième communauté la plus importante en situation irrégulière sur notre territoire», selon le patron de la PAF, Fernand Gontier, auditionné par le Sénat français. «Beaucoup d’Algériens, a-t-il ajouté, arrivent avec des visas mais ne repartent plus. Le directeur général des étrangers en France s’occupe de ce dossier (…). Nous devons être très vigilants sur les procédures de délivrance des visas (…).» Auditionné au Sénat, le 15 mai, dans le cadre de la commission d’enquête sur l’état des forces de sécurité intérieure, Fernand Gontier, le patron de la Paf française, a longuement disserté sur ces peuples pourvoyeurs potentiels de sans-papiers. Feu la libre circulation, feu sur la libre circulation. Décidément, l’étau n’en finit pas de se resserrer autour des Algériens et autour du désormais défunt «régime spécifique» accordé aux Algériens (en France) et institué en vertu des Accords d’Evian et de l’Accord du 27 décembre 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des Algériens et de leurs familles. L’ère Macron, «ami de l’Algérie (dixit le gouvernement algérien)», est au durcissement de la «politique des visas», des restrictions, de l’alignement du régime des Algériens sur le… droit commun. Les dernières sorties des officiels français (déclarations du président français, de son ambassadeur à Alger, etc.), les dernières mesures draconiennes appliquées aux demandeurs de visa impriment le temps révolu des «privilèges». Plus qu’un état d’esprit, une résolution ferme. Auditionné au Sénat, le 15 mai, dans le cadre de la commission d’enquête sur l’état des forces de sécurité intérieure, Fernand Gontier, le patron de la Paf française (directeur central de la police aux frontières), a longuement disserté sur ces peuples pourvoyeurs potentiels de sans-papiers, invitant les services consulaires de son pays à «être très vigilants» sur les procédures de délivrance des visas, à cause de l’industrie des faux documents. «En Algérie, il y a des fraudes évidentes», commentait-il. «Les Algériens représentent la deuxième communauté la plus importante en situation irrégulière sur notre territoire», répondit ainsi le patron de la PAF à une question de la sénatrice Samia Ghali (groupe socialiste), qui l’interrogeait sur «l’iniquité de la procédure de délivrance des visas en vigueur en Algérie». «(…) Nous effectuons plus de 10 000 interpellations par an», précise Fernand Gontier. «Beaucoup d’Algériens arrivent avec des visas mais ne repartent plus. Le directeur général des étrangers en France s’occupe de ce dossier. En outre, des Algériens arrivent illégalement en France par bateau. Nous devons être très vigilants sur les procédures de délivrance des visas. Nous proposons des formations au réseau consulaire, car il est possible d’obtenir un vrai visa avec de faux documents. En Algérie, il y a des fraudes évidentes. Des vérifications s’imposent. Enfin, le phénomène des mineurs algériens et marocains nous préoccupe, car la minorité permet de s’exonérer de la situation irrégulière.» Questionné sur l’ampleur des flux migratoires par Gisèle Jourda (groupe socialiste), le directeur central de la police aux frontières admet une diminution des flux. «Puisque nous sommes passés de deux millions de migrants (pour toute l’Europe) en 2015 à 250 000 l’année dernière.» L’accord UE-Turquie y est pour beaucoup, selon lui. Le rétablissement, en 2015, des contrôles aux frontières aussi. «Mais nous sommes désormais confrontés à des flux secondaires : les migrants qui se trouvent en Italie ou en Allemagne circulent et le rétablissement des contrôles aux frontières permet de mesurer ces mouvements (…). Ainsi, depuis le début de l’année, la pression migratoire à la frontière italienne s’est accrue. Or, il existe 200 000 étrangers en situation irrégulière – dont de nombreux francophones – en Italie.» Gontier désignera surtout ces «routes migratoires orientales (qui) reprennent de la vigueur». «La Méditerranée centrale est pour l’instant maîtrisée avec une baisse de 73% des flux passant par la Libye», observe-t-il. «En revanche, la route migratoire en provenance du Maroc a repris de la vigueur, avec un flux attendu cette année de 30 000 migrants. Fin 2018, nous devrions enregistrer 200 000 entrées en Europe. Les migrants viennent traditionnellement d’Afrique de l’Ouest, mais aussi de pays en guerre : Irak, Afghanistan, Syrie...» Mais la hantise, la préoccupation majeure, demeure l’Algérie. «L’Algérie nous préoccupe aussi beaucoup», dit-il, arguant «sa jeunesse (qui) est en désespérance (et qui) quitte le territoire», notamment vers un pays, la «France (qui) reste très attractive». «Avec divers pays, nous obtenons de bons résultats. Ainsi en est-il avec l’Albanie : depuis l’automne 2017, grâce à notre coopération avec les autorités albanaises, nous enregistrons une chute des flux albanais (…).» Pour rappel, le directeur central de la police aux frontières est auditionné par ladite commission d’enquête qui a pour «but d’identifier les causes du malaise policier» au sein des corps des services de sécurité, caractérisé par une vague de suicides et manifestations hors du champ syndical.

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