Le débat sur le projet de loi relatif à la santé a débuté, hier au niveau du Conseil de la nation, dans une ambiance morose, loin des vraies préoccupations d’un système de santé que la majorité des intervenants ont d’ailleurs qua-lifié de «malade». Si certains membres du Conseil de la na-tion, tenus par l’obligation de réserve, notamment ceux du tiers présidentiel, se félicitent d’avoir enfin un texte de loi qui «protège» le citoyen algérien mais que certains trouvent «très dangereux» et «mauvais», d’autres se sont plutôt étalés sur les problèmes auxquels sont confrontés les citoyens dans leurs régions respectives, tout en évoquant le problème des résidents, en grève depuis sept mois. Les sénateurs ont appelé à ouvrir les portes du dialogue pour un règlement définitif de cette crise. «Il n’y a aucune urgence à faire passer ce texte tel qu’il est présenté avec les amendements effectués par la Chambre basse. Le problème du financement se pose effectivement, mais certaines questions peuvent être traitées de manière plutôt sereine et objective», note un sénateur du tiers présidentiel. Tamadartaza Moussa, du FFS, qui appelle au retrait du projet de loi, met en garde contre ce texte qui, selon lui, «prend une orientation dangereuse pour la santé publique. Il est contraire à l’esprit même de la Constitution qui consacre le droit à la santé (art. 66) et la gratuité des soins. Il y a une volonté sournoise de désengagement total de l’Etat et un recul sur tous les acquis. Il est urgent d’ouvrir un débat national autour de cette loi avec la participation de tous les partenaires sociaux, les politiques, et les experts afin d’élaborer un texte consensuel sur le système national de santé». Le FFS, a-t-il encore souligné, impute la responsabilité au gouvernement dans le pourrissement du conflit opposant les médecins résidents en sciences médicales et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Pour Nouria Djaafar, députée RND, ce projet de loi n’offre pas l’assistance et la protection nécessaires à la santé de la femme. Il est regrettable que la femme ne puisse pas bénéficier d’une interruption thérapeutique de grossesse, lorsqu’elle est victime d’inceste ou de viol, alors que pour d’autres femmes «dans certains pays voisins, la question est tranchée», tout en se félicitant du maintien de l’article 76 portant prévention et dépistage des handicaps évitables à la naissance. Comme elle déplore dans le chapitre de la médecine légale l’absence d’une protection pour les femmes victimes de violences. A l’ouverture de la séance, le Pr Mokhtar Hasbellaoui a indiqué que les réformes du système national de santé, consacrées par le nouveau texte, portent sur nombre de principes essentiels, dont la gratuité des soins, qui constitue «un acquis important pour le citoyen, consacrée clai-rement dans deux articles, la complémentarité effective entre les deux secteurs, privé et public, dans le cadre d’un système sanitaire global». Il a signalé que la loi de 1985 relative à la protection et à la promotion de la santé avait permis d’améliorer les indicateurs globaux de la santé et favorisé l’accès à plusieurs soins, en sus d’améliorer le niveau de la couverture sanitaire, ajoutant, toutefois, qu’à la suite des changements survenus dans la société algérienne, «ladite loi qui a montré ses limites, est devenue un véritable obstacle, empêchant le système de réaliser les objectifs du changement escompté».
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