L’Algérie de Bouteflika, c’est une propension à financer des projets dont la nécessité et l’urgence demeurent discutables, d’autant que ces dépenses faramineuses ont ou continuent de peser sur les finances du pays. Certaines de ces dépenses interviennent alors que l’Etat peine à combler les déficits budgétaires et que le Premier ministre Ouyahia affirme, depuis son installation à la tête du gouvernement, que les caisses sont vides et que le pays fonctionne à crédit. Preuve de cette situation financière délicate : la décision du gouvernement de lancer un avant-projet de loi de finances complémentaire adapté à la situation économique et qui ressemble plus à une attaque violente contre le pouvoir d’achat de la majorité des Algériens. Le projet le plus emblématique de cette gabegie financière demeure la construction de la Grande Mosquée d’Alger, dont l’enveloppe initiale était estimée à plus d’un milliard d’euros et dont le coût définitif pourrait atteindre les 3 milliards. Au-delà de la polémique sur les risques de glissement de terrain et les dangers encourus pour les 120 000 fidèles que peut contenir la salle de prière, le projet pharaonique cher à Abdelaziz Bouteflika fait partie de ces réalisations ne répondant à aucune nécessité réelle dans un pays qui compte déjà 33 000 mosquées et 15 000 autres en construction. Alors ? En réalité, la mosquée doit marquer son passage à la tête de l’Etat et lui permettre de rentrer dans l’histoire de l’Algérie en lui offrant un édifice majestueux, bâti pour devenir l’une des plus grandes mosquées du monde musulman. Autre symbole de cette dilapidation de l’argent public : le Centre international des conférences de Club des Pins. Implanté sur une assiette de 27 hectares, dont une superficie construite de 207 500 m ², le CIC renferme un auditorium de 6000 places, un parking pour véhicules de 2100 places dont 1450 de parking souterrain, pour un coût de 500 millions de dollars. Un «bijou architectural», qui n’a servi pour l’heure qu’a abrité le forum économique Algérie-Afrique et le sommet de l’OPEP en septembre 2015. Depuis, le CIC, dont les frais d’entretien sont faramineux, ne sert pas à grand-chose. Des entreprises et établissements privés sont autorisés à y tenir des activités et séminaires, pour renflouer un peu les caisses de l’entreprise. Dans la short list des projets polémiques, celui de la rénovation du parc zoologique et d’attraction de Ben Aknoun tient une place prépondérante. 500 millions de dollars pour, entre autres, un parc aquatique, un terrain de golf (18 trous), un rafting-parc, une zone sportive ainsi qu’un centre de loisirs, cela peut paraître inutile au moment où les finances du pays sont en mauvais état. En réalité, s’il est difficile de trouver une logique économique à ces dépenses, on ne doit pas perdre de vue qu’elles sont génératrices d’importants dessous de table qui se chiffrent en millions de dollars. Pour rappel et durant 15 ans, le prix moyen du pétrole a oscillé entre 90 et 130 dollars le baril, pour des recettes proches de 6000 milliards de dinars annuellement, soit 90 000 milliards de dinars sur 15 ans, l’équivalent de 800 milliards de dollars, dont l’utilisation qui en a été faite est aujourd’hui au cœur d’un débat politique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire