- Sid Amar Cheikh El Kounti de l’Azawad «Le terrorisme est la conséquence de la présence étrangère au nord du Mali» Mokadem de la tariqa El Kountia, Sid Amar Cheikh El Kounti, affirme que les Touareg de l’Azawad pratiquent un islam «modéré» qui «exclut toute forme de violence ou d’extrémisme religieux». Il explique : «Le terrorisme qui sévit dans la région du Sahel, particulièrement au nord du Mali, est la conséquence de la présence militaire étrangère. Tout le monde sait que cette région est connue pour une pratique de l’islam très modéré. L’arrivée des troupes françaises dans le Sahel n’a fait que justifier les attentats qui visent essentiellement les troupes étrangères, et qui sont souvent suivis d’une répression féroce contre les populations.» Sid Amar Cheikh El Kounti affirme qu’une bonne partie des groupes armés qui sévissent au Sahel «ont été créés dans la confusion, suscitée par la déclaration de l’indépendance de l’Azawad par le Mnla (Mouvement pour la libération de l’Azawad) et le déclenchement de la rébellion au nord du Mali. Moi-même je faisais partie de ce mouvement et je peux dire aujourd’hui, avec du recul, que nous avions commis une erreur tactique que nous payons. Cela a ouvert la voie aux extrémistes et groupes armés de tous bords». Pour notre interlocuteur, ces groupes «sont manipulés par des forces étrangères à la région pour préserver leurs intérêts et surtout justifier la pérennité de leur présence». Interrogé sur les raisons qui poussent des jeunes nourris à l’islam tolérant à s’enrôler dans les rangs des organisations terroristes, Sid Amar Cheikh El Kounti répond : «L’ignorance est le meilleur terreau pour les groupes terroristes. Les jeunes du nord du Mali vivent dans la désolation la plus totale. Ils n’ont pas d’école, ni d’hôpital, ni de moyens de distraction, ni un droit identitaire. Comment voulez-vous que ces jeunes ne prennent pas les premières offres de service, qu’elles émanent d’Etats occidentaux, notamment la France, ou des groupes terroristes ?» Sur l’attaque de Konné, menée par Iyag Ag Ghali, en 2012 et qui a donné le feu vert à l'intervention française, notre interlocuteur reconnaît qu'Iyad «a lui aussi commis une erreur», mais, ajoute-t-il, si «demain la France quitte les lieux, il sera le premier à ranger ses armes sous l’autorité des chefs de tribu qui eux aussi sont contre la présence étrangère sur les territoires de l’Azawad». Notre interlocuteur plaide pour «un renforcement des écoles coraniques qui enseignent Le Coran, les valeurs de tolérance et de respect de l’autre qu’elles véhiculent», seul moyen, dit-il, «qui permet de bannir l’extrémisme religieux». - Bouabdellah Ghlamallah «Il n’a jamais été question d’apprendre aux élèves la torture de la tombe» «Il n’est pas question de critiquer l’enseignement de l’éducation islamique dans nos écoles. Nous sommes, en tant que conseil, sollicités dans la confection des programmes, et nous donnons notre avis. Cependant, comme les programmes ne sont pas figés et peuvent évoluer, nous pouvons aider à leur réforme pour mieux les adapter ou les corriger», a déclaré Bouabdellah Ghlamallah, lors d’une conférence de presse. Pour lui, «il n’a jamais été question d’apprendre aux enfants la torture de la tombe, le hidjab, ou encore le jeûne du Ramadhan. Ceux utilisant l’islam à des fins politiques recouraient à ces méthodes pour terroriser les gens aussi bien dans les écoles que dans les mosquées. A cet âge, l’enfant doit apprendre à ne pas mentir, ne pas voler, ne pas insulter mais aussi à respecter l’autre, à aimer ses parents et leur vouer le respect, à aimer la nature et l’environnement, etc. Notre référent est le rite malékite qui véhicule beaucoup de valeurs qu’il faut vulgariser». Interrogé sur le sort d’une grande partie du pays qui adopte le rite ibadite, il répond : «Nous n’avons aucun problème avec les ibadites, qui ont leur manière de faire la prière. Moi-même, lorsque je prie dans une mosquée à El Hamiz, et que je lève les mains alors qu’eux ne les lèvent pas, cela ne dérange personne. Par contre, lorsque je prie dans une mosquée à Kouba, si je ne croise pas les mains, je risque d’être lynché. C’est ce non-respect de l’autre que nous a ramené le salafisme.» - Dr Samer Kebbani. Directeur des affaires religieuses de Damas «Dieu n’a pas envoyé Le Coran pour s'entretuer, mais pour vivre ensemble» Directeur des affaires religieuses pour la ville de Damas, en Syrie, Samer Kebbani déclare que «la guerre contre la Syrie n’est pas menée contre un pays, mais plutôt contre l’islam modéré qu’il prône. Il faut savoir qu’en Syrie, 93 nationalités étudient la religion en arabe, parmi eux des Algériens, et chaque année, 300 élèves obtiennent leurs diplômes. Ils apprennent cet islam porteur de valeurs de connaissances et de savoir. Face à cet apprentissage, l’Occident répond par la promotion d’organisations extrémistes, de terroristes et de mercenaires envoyés en Syrie avec des caméras, pour diffuser des images hollywoodiennes de dépècement de corps, de décapitation, de lapidation de femmes et hommes, et tout ce qui incarne le contraire de notre religion et nos mœurs. L’islam est innocent de ces actes, il est leur victime». Pour lui, le colloque est important dans la mesure où il met le doigt sur l’enseignement de l’éducation islamique, «qui doit être axé sur les valeurs universelles et le respect de l’autre, pour faire face à ces organisations salafistes qui veulent tuer l’islam de l’intérieur. Il faut à tout prix prémunir les générations futures de la violence et de l’extrémisme dès le jeune âge. Dieu n’a pas envoyé Le Coran pour s’entretuer, mais pour se respecter et vivre ensemble avec nos différences respectives».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire