Alors que le tribunal d’Alger prononçait son incompétence territoriale pour juger l’affaire d’émission de chèque sans provision d’un montant de 1,20 milliard de dinars, Rabah Zerari, plus connu sous le pseudonyme de Commandant Azzedine, comparaissait, hier, devant le tribunal de Chéraga, pour un autre chèque de 330 millions de dinars, que le bénéficiaire, toujours Mahieddine Tahkout, réclame avec un dédommagement du même montant. Le prévenu a crié au «complot» pour le faire taire sur les conditions de la mort de son gendre «dans une caserne», et le parquet a requis 5 ans de prison ferme. Poursuivi par le tout-puissant homme d’affaires Mahieddine Tahkout, Rabah Zerari, une des figures de la Révolution algérienne, connu sous le pseudonyme de Commandant Azzedine, a comparu, hier, devant le tribunal de Chéraga, pour émission d’un chèque sans provision d’un montant de 330 millions de dinars. Dès le début de l’audience, son avocat évoque ce qu’il juge être des vices de forme. «J’ai entre les mains deux chèques, avec deux dates différentes et deux bénéficiaires, Cima Motors et Mahieddine Tahkout. J’aurais aimé que celui-ci soit parmi nous aujourd’hui, pour nous expliquer à qui l’argent a été remis», dit-il avant qu’il ne demande l’annulation de la procédure. La juge décide de joindre les demandes de l’avocat au fond du dossier et s’adresse au prévenu : «Qu’avez-vous à dire sur le chèque ?» Le Commandant Azzedine, visiblement affaibli par l’âge et la maladie, s’avance lentement vers la barre. «Que m’a-t-il vendu pour que je lui remette une telle somme ? Ces chèques ne m’appartiennent pas. Je suis victime d’un complot. Ils m’ont sorti ces affaires pour me faire taire sur l’assassinat de mon gendre Hamza, dans une caserne. La seule somme que Tahkout m’a donnée, et je l’en remercie, concerne le montant de 15 millions de dinars, sans garantie ni reconnaissance de dette, et que je devais lui restituer une fois la vente du bien, que je gère depuis 1966, réalisée. Mais celle-ci n’a pu être concrétisée, alors que le Président en personne avait instruit le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de régler mon problème de cession de cet immeuble. C’est toute la vérité Madame la présidente», déclare le prévenu sans être à aucun moment interrompu. Des propos qui ne semblent pas avoir convaincu le représentant du parquet qui, d’une voix inaudible, requiert une peine de 5 ans de prison ferme. Avocat de Tahkout, Me Khaled Maouchi refuse «que l’affaire soit détournée. Restons dans l’émission de chèque sans provision», ne cesse-t-il de rappeler, en demandant à la fin le paiement de la somme de 660 millions de dinars, dont 330 représentant le montant du chèque et le reste comme dédommagement. Me Bergheul déclare : «Tahkout nous réclame 1,20 million de dinars au tribunal d’Alger, 330 millions de dinars à Chéraga et une autre somme de plus de 600 millions de dinars à Koléa. Zerari n’a pas une machine pour imprimer autant d’argent. Les chèques que j’ai ici portent une signature, deux dates et deux bénéficiaires. Il y a là une entorse à la loi.» Et de rebondir d’une voix assez haute : «Cette affaire n’est pas celle d’un chèque sans provision. Elle est le résultat d’une lutte au sommet de L’Etat.» Revenant aux circonstances du dossier, Me Bergheul rappelle que son mandant ne connaissait pas le plaignant jusqu’au jour où il l’a vu, à sa demande, en présence d’un avocat, pour l’aider à payer ses créanciers. «Il l’a vu une seule fois en 2016 et il lui a remis une somme de 15 millions de dinars, sans aucune garantie ou condition de remboursement. S’il avait plus de 1,20 milliard de dinars de dette auprès du prévenu, pourquoi a-t-il attendu de 2016 jusqu’en 2018, pour réclamer son argent ? Rabah Zerari n’a pas de machine pour imprimer autant d’argent. Nous avons déposé une plainte pour escroquerie, mais elle est toujours en attente. Zerari est un témoin gênant pour le système. Ils ont attendu la disparition de son gendre Hamza pour déclencher une avalanche de plaintes. Ils veulent l’occuper pour le détourner de cette affaire. Ils veulent humilier cet homme qui a donné sa vie pour l’indépendance du pays», crie l’avocat, puis s’adresse à la présidente : «Ne salissez pas vos mains avec cette affaire, ordonnez la nullité de la procédure. Ne condamnez pas cette grande figure de la Révolution.» La magistrate s’adresse à Rabah Zerari et lui donne la parole pour la dernière fois. «Je jure devant Dieu que ces chèques ne m’appartiennent pas. Ils ont assassiné mon gendre et ils veulent m’occuper avec les tribunaux. Mais rien ne m’arrêtera. Je poursuivrai les criminels.» La présidente met l’affaire en délibéré et annonce que le verdict sera connu le 8 mai prochain. Hier, le tribunal d’Alger a prononcé son incompétence territoriale à juger la première affaire, déclenchée par Tahkout, pour émission d’un chèque sans provision d’un montant de 1,20 milliard de dinars.
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