Les délégués du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) dénoncent une «violence policière plus marquée que durant les dernières activités». «La brutalité de la police est plus forte que d’habitude.» Les rassemblements auxquels a appelé, hier, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) sur la place Emir Abdelkader et devant l’APN ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre. Plusieurs blessés ont été recensés parmi les manifestants. Les délégués du Camra dénoncent une «violence policière plus marquée que durant les dernières activités». «La brutalité de la police est plus forte que d’habitude. Une fille s’est fait enlever son voile. Un résident a perdu connaissance et a failli se faire renverser par un fourgon de police. Un autre camarade a une fracture de la clavicule et est hospitalisé actuellement au CHU Mustapha Pacha. D’autres, embarqués vers Birtouta, ont eu des crises d’asthme, vu que leur fourgon est fermé. Ils sont toujours hospitalisés à Douéra», détaille le docteur Afiri Zahra, résidente en ORL au CHU de Kouba (Alger) et membre du bureau national du Camra. Plusieurs dizaines de résidents ont été interpellés et transférés dans des localités de Kheraicia, Reghaïa, Birtouta, Saoula, Tessala El Merdja et même au-delà, dans la wilaya de Blida pour le porte-parole du mouvement, le docteur Mohamed Taileb. «Au moins 300 médecins ont été arrêtés et transférés dans des fourgons et autocars vers diverses destinations», affirme Sofiane Benseba, délégué des résidents du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, «abandonné en cours de route» avec ses camarades lors de leur transfert vers la commune de Rouiba. Annoncé par un communiqué du Camra, le sit-in avorté des résidents venus des onze CHU du pays avait pour objectif de «montrer la détermination des médecins face à la sourde oreille des autorités». «Nous avons organisé le rassemblement pour dire notre refus des mesures qui nous ont été proposées par la tutelle (ministère de la Santé)», affirme le Dr Benseba, l’un des délégués impliqués dans les négociations tenues dans le cadre de la commission intersectorielle installée par le ministre de la Santé, le professeur Mokhtar Hasbellaoui. Arrêt des gardes à partir de mai L’action d’hier a coïncidé avec l’examen de l’avant-projet de loi sur la santé par l’APN. «Notre rassemblement a pour objectif de dénoncer la brutalité policière mais aussi le contenu de l’avant-projet de loi sur la santé rédigé par le ministère de la Santé sans qu’on nous y soyons associés. Le choix, par exemple du maintien du service civil dans le nouveau texte devrait durer au moins 20 ans, sachant que la dernière loi est révisée au bout de 34 ans», signale le Dr Afiri, dont le Collectif met en garde sur les «dérives» du nouveau texte. Les derniers rounds de négociations avec le ministère de la Santé n’ont pas abouti au gel de la grève des résidents qui dure depuis plus de cinq mois. Les propositions faites par les services du Pr Hasbellaoui n’ont pas convaincu les grévistes, qui continuent de dénoncer des «mesures incomplètes» et l’«absence d’obligation juridique» du texte rendu public. «Le service civil est un échec», comme l’a reconnu dernièrement un député de l’APN. Le ministère a proposé de «réduire d’une année sa durée et d’octroyer une prime. Rien de concret ne nous est proposé», regrette le Dr Benseba, qui fait remarquer que ses collègues du bureau national ont «fait des concessions» sur la durée du service civil sans que la tutelle ne retienne leur proposition. Le volet pédagogique n’est pas pris en compte, constatent les Camristes, qui regrettent l’«absence» du ministère de l’Enseignement supérieur dans les discussions. «On continue d’évaluer l’étude des médecins, qui reçoivent des malades et en prennent soin, par un examen théorique (DEMS) alors que l’évaluation réelle peut être faite pour le cas, par exemple, d’un chirurgien, par un chirurgien senior. Le système tel qu’il est actuellement dans nos hôpitaux est abandonné ailleurs», estime le délégué. Le Camra a appelé, hier après-midi, à un rassemblement de ses adhérents au niveau du CHU Mustapha d’Alger «jusqu’à la libération de tous les résidents appréhendés». Une décision a été prise aussi d’arrêter l’activité de soins dans toutes les structures du pays. Pour les prochains jours, le Collectif prépare l’envoi d’un préavis pour l’arrêt définitif des gardes à partir du mois de mai. «Nous irons vers l’arrêt des gardes, si les négociations n’aboutissent à rien de concret. Les résidents exigent des propositions concrètes de la tutelle», signale le Dr Afiri. A défaut, «c’est aux responsables d’assumer leurs responsabilités», tranche le Dr Benseba, qui réaffirme la disponibilité de ses camarades à poursuivre le dialogue avec leurs tutelles.
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