Le conflit qui oppose les médecins résidents, en grève depuis six mois, et le ministère de la Santé franchit un nouveau palier. Tandis que les grévistes annoncent le gel des gardes et de toutesles autres activités au sein des établissements hospitaliers, le ministère tente de donner un tour de vis en voulant les réquisitionner pour assurer le service. Dans un courrier adressé aux directeurs de santé de wilaya et aux différents directeurs des établissements hospitalo-universitaires, le ministère de la Santé a ordonné la réquisition des médecins résidents dans le souci de préserver la continuité du service public. S’appuyant, dans sa correspondance, sur l’article 38 de la loi 90-02 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève, le ministère instruit les chefs de service de lister les postes qui doivent être absolument pourvus, en élaborant le tableau nominatif hebdomadaire, incluant l’équipe médicale, y compris les résidents en sciences médicales, particulièrement dans les services d’urgence et les services hospitaliers de garde, en sus du tableau de garde médical et paramédical mensuel. Le ministère a légué la responsabilité de voir avec les représentants des médecins résidents les possibilités d’assurer ce service minimum d’urgence aux chefs de service et aux directeurs des hôpitaux. Cette mesure vient en fait en réponse à la décision du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) qui a prévu une grève illimitée sans service minimum ni d’urgence à partir de demain. Ce collectif explique, dans un communiqué rendu public jeudi, que cette décision a été prise suite à «l’atermoiement coupable des autorités et face au blocage, à l’absence de volonté réelle pour prendre en charge nos revendications légitimes et devant la violence et le mépris qui nous sont opposés à chacune de nos actions de protestation pacifique, que les médecins résidents acculés ont décidé de cesser toute activité de garde et de service à partir de ce dimanche 29 avril», lit-on dans le dit communiqué. Dans ce document, les adhérents du Camra expliquent qu’ils ne sont en aucun cas des employés ou des fonctionnaires pour que l’article 38 de la loi 90-02 citée par le ministère les concerne. «Nous ne pouvons être soumis aux dispositions réglementaires ni disciplinaires du statut de la Fonction publique ni celle de la loi 90-02, opposable devant le tribunal administratif, que les articles 41 et 42 de ladite loi portant réquisition des ‘‘travailleurs’’ ne concernent en rien les ‘‘étudiants’’ que nous sommes. Est-il nécessaire de souligner là encore, que conformément à l’article 2 de notre statut, nous sommes en formation post-graduée et qu’à ce titre, notre responsabilité est limitée et se résume à seulement ‘‘participer’’ aux activités de soins dans un but exclusivement pédagogique. La rémunération que nous recevions, avant le gel de nos salaires, n’a jamais constitué, selon les autorités compétentes, la contrepartie d’un service fait qui crée des droits et des obligations aux fonctionnaires tels que prévus dans le statut général de la Fonction publique», expliquent les délégués du Camra dans leur communiqué. Ainsi, si cette décision de maintenir la grève générale malgré la réquisition du ministère, les établissements hospitalo-universitaires, notamment les unités d’urgence risquent de connaître la pire des paralysies depuis le début de cette crise. Pour rappel, en plus de plusieurs autres points, les médecins résidents inscrivent, en tête de la liste de leurs revendications, la suppression du service civil et la révision totale du volet pédagogique. Signalons également que le ministère de l’Enseignement supérieur est absent des discussions entre les médecins résidents et le ministère de la Santé.
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