dimanche 1 avril 2018

«Il ne faut pas procéder dans la précipitation»

- Demain (aujourd’hui, ndlr), le ministère de l’Intérieur lancera le permis biométrique à points. Comment voyez-vous l’opération ? Je suis pour ce projet, et je l’ai dit depuis plusieurs années. Mais ma crainte est de voir le projet engagé dans la précipitation. Il y a une procédure à respecter pour faire connaître ce projet et le réussir. Tout d’abord, les policiers et  les  gendarmes doivent suivre des stages,  car ils sont les premiers à être sur le terrain pour appliquer l’opération. Les agents sur le terrain, si vous les interrogez, connaissent-ils vraiment la procédure de retrait et autres ? Il faudra donc organiser des séminaires pour ces agents. Il y a lieu aussi de tenir des tables rondes grand public pour expliquer la procédure aux citoyens. - Comment doit se comporter le conducteur une fois l’opération lancée ? Le permis est un capital de points et une liste d’infractions que le conducteur ne doit pas commettre sous peine de perdre des points. Ce genre de permis a l’avantage de responsabiliser le conducteur qui a un capital de points à gérer. Mais comme je l’ai expliqué, il y a lieu d’être pédagogue pour réussir l’opération. Il y a donc la pédagogie, mais aussi la prévention. En Allemagne et en France, par exemple, qui sont précurseurs, si le conducteur ne commet pas d’infraction sur une période de 2 ou 3 ans, il peut récupérer ses points perdus. Il faudra penser à installer un système informatique, comme l’ont fait ces deux pays, le premier après la Seconde Guerre mondiale, et le deuxième à partir des années 1980… Chez nous, on parle, depuis des années, du «fichier national» pour le contrôle et le suivi des «accidents». Mais on ne le voit pas venir. Aujourd’hui, des gens, qui se font retirer leurs permis dans un endroit du pays, peuvent obtenir un duplicata dans un autre… Les administrations n’ont pas les moyens de débusquer de telles infractions. Il y a lieu de s’interroger : qui va retirer les points ? Le PV est rédigé par un agent, mais après ? Je continue d’appeler à la mise en place d’un tribunal de simple police qui doit rendre un jugement sur le retrait des points. C’est le cas en France où il n’y a pas de retrait sans un jugement définitif. Il y a 535 daïras, et on peut installer autant de tribunaux de simple police, qui permettront de recruter jusqu’à 10 000 licenciés en droit, et auront à s’autofinancer… Tout cela permettra de crédibiliser l’opération aux yeux des citoyens. - Qu’en sera-t-il de la sensibilisation sur les accidents de la route, qui est l’une des missions de votre association Tarik Essalama ? La sensibilisation doit se poursuivre. L’association que je préside a installé une trentaine de bureaux à travers les wilayas du pays. Hier (vendredi, ndlr), nous avons ouvert le bureau de Guelma, et sur place des personnes de Oum El Bouaghi et Souk Ahras sont venues nous proposer de faire de même dans leurs wilayas respectives. Les citoyens, qui sont réticents quand c’est l’administration qui sensibilise, sont plus réceptifs au travail que nous engageons. Plusieurs actions sont menées par nos soins sur le terrain pour sensibiliser sur les accidents de la route. Par exemple, à Naâma, nos adhérents ont planté des arbres là où il y a beaucoup d’accidents…

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