dimanche 1 avril 2018

Les marques menacées par la contrefaçon

Cette activité frauduleuse constitue un danger en constante expansion touchant toutes les industries, particulièrement celles des produits de consommation. La contrefaçon est un phénomène qui prend de l’ampleur en Algérie. C’est ce qui a été mis en évidence lors des quatrièmes Journées internationales «Marques et contrefaçon» qui se sont tenues les 28 et 29 mars à l’hôtel El Aurassi, à l’initiative de RH International Communication. Le nombre des produits retenus en douane pour suspicion de contrefaçon pour l’année 2017 a été de 724 214. Il s’agit d’articles de sport, appareils dépilatoires et sèche-cheveux, pâtes alimentaires, piles, pièces détachées, appareils électroniques, accessoires pour téléphone et textiles. «Favorisée par le marché informel, la contrefaçon est une activité qui pourrait susciter l’intérêt des réseaux du crime organisé. Une activité qui peut générer de gros profits et un moyen de transfert illicite», a souligné Yazid Ould Larbi, sous-directeur de la lutte contre la contrefaçon au sein de cette institution. Ce même responsable a précisé que ces biens présumés contrefaits proviennent majoritairement de Chine, Turquie, Bangladesh et Tunisie. La contrefaçon est un acte qui consiste à reproduire totalement ou partiellement un produit sans autorisation. Il est possible de reproduire un objet à l’identique : on parlera alors de contrefaçon servile. On peut le reproduire en partie et la contrefaçon sera dite partielle. On peut l’imiter, et c’est une contrefaçon par équivalent. Une contrefaçon s’apprécie en fonction des ressemblances et non des différences. L’usurpation des éléments de la propriété industrielle par les producteurs nationaux est estimée à 40% des articles recensés, selon la DGSN. Cette usurpation concerne essentiellement les secteurs des vêtements, des produits cosmétiques et d’hygiène corporelle, des articles de sport, des produits alimentaires, des jouets et des étiquettes destinées à l’information des consommateurs. La contrefaçon industrielle a atteint des dimensions énormes depuis l’ouverture du commerce extérieur. Elle consiste à conférer, à un produit réalisé frauduleusement, une identité technologique qui n’est pas la sienne, du fait de l’usage de matériaux de substitution inadaptés, ou de mauvaise qualité. Cette activité frauduleuse constitue un danger en constante expansion touchant toutes les industries, particulièrement celles des produits de consommation, en ce sens qu’elle frappe toute sorte d’entreprise, en s’attaquant à l’ensemble des droits de propriété intellectuelle (brevets, marques, logos, dessins et modèles). Des lentilles de contact présentent des risques Les services de contrôle, qui avaient mis au jour le commerce juteux de montures de lunettes contrefaites vendues sur le marché au titre de produits de marque, viennent de révéler un autre danger, cette fois pour la vue elle-même. 90% des lentilles de contact circulant sur le marché présentent des risques majeurs pour la vue. Des produits contrefaits qui exposent l’œil du consommateur à l’asphyxie de la rétine, la diminution de la vision, des allergies, des infections oculaires et peuvent aussi occasionner la perte de la vue. Le Dr Abdelkader Messadi, ophtalmologiste, précise que «les lentilles de contact n’échappent pas à la contrefaçon avec des dangers sur les yeux beaucoup plus importants. Les lentilles contrefaites, de mauvaise qualité car ne permettant pas à l’œil de bien respirer, exposent les yeux à une souffrance par manque d’oxygène, conduisant à des lésions pouvant compromettre l’avenir visuel. Elles entraînent des dommages importants au niveau de la surface oculaire, dont les plus graves sont des allergies et une sécheresse oculaire qui deviennent un handicap permanent pour les porteurs. Une autre catégorie de verre n’échappe pas à la contrefaçon, c’est le verre optique de correction. On retrouve souvent, malheureusement, des verres de qualité optique médiocre, source de mauvaise qualité visuelle par mauvais positionnement du centre optique. Ce type de verre ne permet pas, notamment chez le jeune enfant, un développement harmonieux de l’acuité visuelle avec un risque majeur : celui d’entraîner chez l’enfant une amblyopie (par mauvaise stimulation visuelle).» On recense 2 millions d’enfants souffrant de ce mal en Algérie. Les lunettes de soleil, plus particulièrement les imitations bas de gamme, sont légion. Nombreux sont ceux qui, aguichés par un prix dégriffé ou une bonne affaire, tombent dans le piège. Le représentant de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) a souligné qu’il a été recensé en 2017 «plus de 20 alertes sur des produits contrefaits. Le problème est que les opérateurs économiques ont cette réticence par rapport à la médiatisation et la vulgarisation de l’information sur la contrefaçon». Le consommateur qui ne fait pas de distinction entre la marque et la contrefaçon, écarte carrément le produit de ses achats. Il déplore «l’absence d’autorégulation et la responsabilité sociétale de l’opérateur économique. Il doit être vigilant par rapport à sa propre production (marque) et réagir immédiatement par rapport aux informations sur les produits contrefaits». Il cite un cas concret : un fabricant d’Ariel a produit cette marque dans une usine parallèle, mettant en plus de la poudre de lessive du sel et a distribué ce produit contrefait à l’Ouest du pays (Tiaret, Mascara et Saïda). Il y a eu beaucoup de victimes, y compris des grandes surfaces comme Uno. Il y a eu un problème de traçabilité : les commerçants ont acheté une grande quantité sans facturation, ce qui ne permet pas aux services de sécurité et à l’appareil judiciaire de faire leur travail de recherche et d’investigation. Les opérateurs sont davantage intéressés par leurs intérêts propres que par la santé de ceux qui pourraient être amenés à consommer ou à utiliser des produits contrefaits.

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