jeudi 3 mai 2018

«Cette virulente campagne vise directement la ministre de l’Education»

Au centre d’une virulente campagne, sous prétexte d’une présumée suppression d’un verset du Coran de la matière de l’éducation islamique, dont il est responsable au ministère de l’Education nationale, Sidali Daas, inspecteur central, se dit «choqué» par ce qu’il a qualifié de «manipulation», à travers «de fausses informations», reprises «mal intentionnellement» par des médias étrangers. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il explique qu’il n’a jamais été question de suppression du verset Al Ikhlass, ni des obligations des ablutions… - Une violente campagne est menée depuis quelques jours par des médias arabophones algériens et des pays du Golfe contre vous et le directeur du Crasc, M. El Mistari, vous imputant l’idée de la suppression du verset Al Ikhlass de la matière de l’éducation islamique du programme du cycle primaire. Qu’en est-il au juste ? Vraiment, je suis aussi étonné que choqué. A l’origine, toute cette polémique a commencé avec un article dans un journal privé arabophone, qui avait écrit que lors du colloque international consacré à l’enseignement de l’éducation islamique, auquel ont pris part 45 pays et toute la presse nationale, El Mistari et moi avions demandé la suppression du verset Al Ikhlass et des obligations des ablutions du programme de l’éducation islamique au cycle primaire. Pourquoi est-ce uniquement ce journal qui a donné ce qu’il a estimé être un scoop ? C’est très grave qu’un média manipule de la sorte. On parle de la suppression d’une sourate et des obligations des ablutions du programme, et tous les autres journalistes présents au colloque ne reprennent pas l’information, alors que les oulémas, les enseignants des académies des écoles des sciences islamiques de Batna, de Constantine, d’Alger, ainsi que les membres de l’Association des oulémas, dont le président, ne réagissent pas. N’ont-ils pas entendu ? D’abord, je tiens à préciser qu’il n’y a pas de cours sur les obligations des ablutions, pour le supprimer. Dans le livre, on retrouve toutes les étapes en image pour expliquer la manière de faire ses ablutions. Nous ne pouvons pas apprendre à un élève en deuxième année primaire, d’à peine 7 ans, ce qui est obligatoire et ce qui relève de la Sunna. Nous lui apprenons uniquement la méthode. Ces obligations et les détails viendront au collège, lorsque l’enfant sera plus apte à comprendre les nuances et le fond. L’école donne les bases, et c’est aux parents par la suite d’approfondir s’ils le veulent. Visiblement, l’auteur de l’article n’a rien compris à ma communication, ou il n’était pas présent dans la salle. Cette confusion est, pour moi, malintentionnée. Sinon, comment le même auteur écrit dans son article que nous avions appelé à la suppression du verset d’Al Ikhlass des cours de 1re année primaire ? Le directeur du Crasc d’Oran, M. El Mistari, puisque c’est lui qui était visé, n’a jamais dit une telle aberration. El Mistari est un chercheur universitaire, dont les compétences sont irréprochables. S’il avait fait une telle proposition, il aurait soulevé un tollé dans la salle. Il parlait des défis dans l’enseignement du Coran aux élèves du primaire. Il a évoqué de nombreux spécialistes qui pensent que la récitation des versets sans leur compréhension n’était pas bénéfique aux enfants de cet âge. Il a cité, comme exemple, le verset Al Ikhlass, qui a un sens très profond, puisque l’on parle de Dieu, de son unicité et du fait qu’il n’a ni été enfanté, ni enfanté, etc., avec des termes très difficiles à expliquer à un enfant. Mais, c’est la récitation sans compréhension qui a été retenue. Il a même proposé qu’il y ait un autre choix de versets, plus simples et plus faciles à enseigner aux enfants. Pas plus. Il n’a pas dit qu’il faut enlever le verset, mais de le changer par un autre. Au collège, moi-même en tant qu’enseignant, j’ai eu d’énormes difficultés à faire comprendre aux élèves certains principes et sens. On leur apprend ce qui est facile, le reste est occulté volontairement, parce qu’on sait que l’élève ne pourra jamais assimiler. Une fois au lycée, il pourra mieux comprendre. S’il veut approfondir ses connaissances après le bac, il s’inscrira dans les universités des sciences islamiques. - Ne pensez-vous pas qu’un enfant du cycle primaire doit apprendre plus les valeurs véhiculées par Le Coran, comme le respect d’autrui, des parents, des aînés, de la nature, des animaux, du travail, ou encore à ne pas mentir, voler, violenter ? Il y a beaucoup de gens qui estiment qu’effectivement c’est à l’école que l’enfant doit apprendre ces valeurs et que la récitation du Coran peut se faire dans les mosquées et les écoles coraniques. En fait, nous sommes conscients de la difficulté à apprendre à un enfant de cet âge certains versets trop compliqués pour son niveau de compréhension. Raison pour laquelle, le programme a retenu le strict minimum pour ce palier d’instruction. Seul un hizb sur les 60 que comporte Le Coran a été retenu. Mais, certains trouvent que l’enfant a les capacités d’apprendre bien plus, en citant comme exemple les cas d'enfants qui ont décroché le 1er Prix international de récitation du Coran. Mais qui leur a appris ? Ce sont les parents ou la mosquée. L’Etat algérien a décidé qu’à l’école, l’enfant n’apprendra qu’un seul hizb pendant 5 ans. Si les parents veulent plus, ils peuvent compléter avec les programmes des mosquées et des écoles coraniques. - Selon vous, pourquoi une campagne aussi virulente est-elle menée, y compris par des médias des pays du Golfe, alors qu’il n’y a rien qui la justifie ? A mon avis, cette campagne vise essentiellement la ministre de l’Education nationale. M. El Mistari est le premier responsable du Crasc, un centre que dirigeait la ministre, et moi, en tant qu’inspecteur, je dépends d’elle. C’est une campagne de règlement de comptes, pas plus. Je n’ai aucune autre explication, surtout que l’auteur de l’article, à l’origine de cette manipulation, n’a même pas voulu apporter le démenti que j’ai envoyé à sa rédaction. Il y a là une manipulation manifeste qui a pour but d’assener des coups à la ministre de l’Education à travers de fausses informations, reprises mal intentionnellement par des médias aussi bien algériens qu’étrangers.  

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