samedi 19 mai 2018

Hammam Melouane (Magtaâ Lazreg) : L’abandon à perte de vue

La localité de Magtaâ Lazreg est entourée de montagnes, donc de forêts inflammables, et de deux oueds qui enregistrent régulièrement des noyades. A quelques mètres de là, un projet de construction de 90 logements sociaux traîne depuis huit ans ! Les travaux ne sont qu’à 5% de réalisation seulement et l’entrepreneur chargé de ce projet n’a plus donné signe de vie. A Magtaâ Lazreg, une localité située aux pieds des montagnes, relevant de la commune de Hammam Melouane et de la daïra de Bougara, tout semble à l’arrêt ! Partout des chantiers et des constructions inachevées, ou carrément abandonnées. Sur place, nous avons remarqué une grande quantité de chèques postaux éparpillés par-ci par-là, comportant même des noms ! Renseignements pris, l’unique poste de cette localité est abandonnée depuis quelques années suite à sa fragilisation à cause des récurrents séismes qui frappent la région. Sans vitres, elle n’est guère protégée et est facilement accessible par n’importe qui. Des jeunes oisifs se permettent d’y pénétrer, de fouiner dans des documents censés être confidentiels et de jeter même les chèques aux alentours de la poste. Où est Algérie Poste dans tout cela, d’autant qu’il s’agit d’une flagrante atteinte à une structure publique et à la vie privés des gens ? Pourquoi ce flagrant abandon ? Nous avons appris qu’un programme pour sa réhabilitation a été officiellement étudié, mais aucune suite sur le terrain. Même pas une plaque mentionnant les dates concernant le début et la fin des travaux. En marchant à quelques mètres de la poste, une unité de la Protection civile est fin prête depuis plusieurs mois. Toutefois, elle n’est toujours pas opérationnelle faute d’effectif ! Cela se passe ainsi alors que la localité de Magtaâ Lazreg est entourée de montagnes, donc de forêts inflammables et de deux oueds qui enregistrent régulièrement des noyades. A quelques mètres de là, un projet de construction de 90 logements sociaux traîne depuis huit ans ! Les travaux ne sont qu’à 5% de réalisation seulement et l’entrepreneur chargé de ce projet n’a plus donné signe de vie. «Nous avons hérité de cette situation, notre Assemblée a entamé des démarches avec les services de la wilaya pour booster ce projet d’intérêt général et enquêter sur les raison de l’abandon du chantier», déclare Sali Abdelghani, vice-président à l’APC de Hammam Melouane. Et comme un malheur ne vient jamais seul, Magtaâ Lazreg n’a pas vu son foncier cadastré dans sa totalité, ce qui pénalise ses habitants en quête de régularisation de leur situation. La plupart de ces constructions sont considérées comme illicites. «Au-delà de l'oued, les familles ont eu leur acte à travers le transfert de propriété. Du coup, ils peuvent bénéficier de l’aide de l’Etat dans le cadre de l’habitat rural. Nous, au centre de Magtaâ Lazreg, sommes environ 200 familles qui attendons avec impatience la venue des agents du cadastre afin que la partie du foncier qu’on occupe soit cartographiée, et ce, afin que l’on puisse devenir propriétaires et avoir le droit de bâtir ou faire des extensions grâce à l’aide de l’Etat estimée à environ 70 millions de centimes», espère un jeune de cette localité. Des potentialités touristiques à exploiter Même si elle est à vocation touristique vu les beaux paysages verdoyants qu’elle recèle et ses oueds qui prennent la destinée de Oued El Harrach, Magtaâ Lazreg manque d’infrastructures capables d’accueillir les touristes aimant les endroits reculés et loin du brouhaha des villes. L’unique auberge de jeunes a été sérieusement touchée par les séismes. «L’été dernier, des jeunes sont venus bivouaquer aux abords de l’oued et au pied de la montagne, malheureusement ils ont été chassés des lieux. Pourquoi ne pense-t-on pas à réglementer ce genre de tourisme à Magtaâ Lazreg car l’environnement s’y prête à merveille. Un tourisme qui va certainement créer de la richesse puisque les touristes vont faire leurs emplettes sur place», regrette un jeune de la localité. Pour Mme Bouguelmani Razika, présidente de l’association «Kounouz»’, chargée notamment de la préservation du patrimoine de la région, le lieu-dit Yemma Halima, sur les hauteurs de Magtaâ Lazreg, constituait le fief des tributs de Hammam Melouane. Les vieilles excellaient dans les métiers traditionnels, dans la fabrication de toutes sortes de pains à l’ancienne, elles parlaient le patois local (tamazight) et leur quotidien était basé sur de nombreux rituels on voie de disparition. «Je fais de mon mieux pour préserver le patrimoine de toute une région qu’on perd de jour en jour. Mon projet est de construire pour y exposer notamment les herbes et plantes endémiques, les vêtements locaux, les anciens ustensiles de cuisine utilisés par nos grands-mères… Mon ambition est surtout de préserver ce patrimoine en voie de disparition à travers la création d’ateliers pour apprendre à la nouvelle génération les différents métiers en voie de disparition, comme la confection de tapis ou d’objets à base d’osier, la transformation artisanale du lait de chèvre, le tamazight de l’Atlas blidéen… Ce dernier n’est parlé que par les personnes d’un âge avancé et exceptionnellement par de rares jeunes. Il est temps de le promouvoir et le préserver à travers des cours. On demande juste de l’aide afin que l'on puisse concrétiser ces projets bénéfiques pour le développement de la région de Hammam Melouane», espère-t-elle.        

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