mercredi 2 mai 2018

«Nous replongeons dans les années noires de contrôle de la société»

Pour le FFS, le 1er Mai en Algérie est un jour triste, un jour de deuil. Il n’y a pas lieu de se réjouir. C’est un véritable réquisitoire qu’a dressé, hier, le FFS par la voix de Ali Laskri, membre de l’instance présidentielle du parti, contre le pouvoir, lors d’une conférence-débat organisée au siège du parti à l’occasion de la Fête internationale du travail et intitulée «Détruire le mouvement syndical est un crime contre les travailleurs et contre le patrimoine politique et social du pays», une phrase qu’avait prononcée feu Hocine Aït Ahmed, lors des débats de l’Assemblée nationale constituante en 1963. Laskri a profité de cette date pour lancer un appel aux travailleurs pour l’unification des rangs, car l’heure est, selon lui, à la résistance et à la mobilisation. Pour le FFS, le 1er Mai en Algérie est un jour triste, un jour de deuil. Il n’y a pas lieu de se réjouir de cette fête mémorable, car ceux qui nous gouvernent, estime ce parti, l’ont gâchée et la majorité des travailleurs considèrent que les promesses de Novembre et de la Soummam, notamment la construction d’un Etat social, n’ont pas été tenues, laissant place à l’établissement d’un Etat libéral. Cette politique libérale, rappelle Ali Laskri, a eu des conséquences tragiques sur les conditions de vie et de travail des ouvriers et des paysans qui ont vu leur outil de travail privatisé, leurs emplois précarisés, leurs revenus, leur pouvoir d’achat en baisse et leur retraite dévalorisée. Dans son intervention lors de cette rencontre, qui a vu la participation de syndicats autonomes, Laskri a «dénoncé l’exclusion par le ministère du Travail d’une trentaine de syndicats sous le prétexte de leur non-représentativité», appelant à un «débat national» autour de la question sociale. «Au-delà des pratiques qui replongent le pays dans les années noires de contrôle de la société par la police politique, cette procédure d’exclusion constitue une atteinte gravissime aux libertés démocratiques et aux libertés syndicales», condamne Laskri qui qualifie, en outre, le projet de loi relative à la santé, adopté lundi dernier par les députés, de «trahison à l’Etat social», d’antinational, car il consacre un recul sur les acquis sociaux des Algériens et une régression graduelle de la gratuité des soins. L’appel du FFS aux travailleurs Le 1er Mai de cette année coïncide avec la répression à la fois policière, judiciaire, administrative et bureaucratique. «C’est dans ce contexte que nous commémorons cette date, sous le mot d’ordre : ‘‘Non à la résignation, oui à la mobilisation et à la convergence des luttes pour arracher les droits des travailleurs à une vie digne et décente’’», note Laskri. Il est persuadé que les luttes sociales jointes aux luttes politiques feront changer le régime, d’où l’appel du FFS aux travailleurs de tous les secteurs qui ont été, en tant que citoyens d’abord, spoliés depuis l’indépendance de notre pays de leur droit à l’autodétermination. «Le libre choix démocratique des institutions, des politiques et des hommes, qui doivent gouverner le pays, a été nié puis détourné par des fraudes électorales systématiques. Donc où que vous soyez, agissez pour l’avènement de la deuxième République», lance Laskri à l’adresse des citoyens. Aux travailleurs exerçant dans les secteurs socioéconomiques, le FFS les invite à rejoindre les syndicats autonomes qui se constituent dans tous les secteurs d’activité et qui sont mieux à même de défendre leur outil et leurs droits de salariés. «Dénoncez les inégalités, exigez que votre pouvoir d’achat ne soit pas érodé, criez haut et fort votre refus de la privatisation des secteurs et services publics, clamez votre opposition à la révision du code du travail qui vise à remettre en cause votre droit de grève et de manifestation», plaide Ali Laskri qui demande aux travailleurs d’intégrer les rangs des forces politiques et sociales autonomes pour défendre leur citoyenneté et combattre les statuts octroyés qui ne visent qu’à limiter leurs droits. Aux jeunes, le FFS leur demande de transformer en action politique cette haine du pouvoir responsable de tous leurs maux. «Soyez les artisans du changement du régime. Adhérez aux forces politiques démocratiques de l’opposition et aux mouvements sociaux autonomes pour mettre fin au système qui vous marginalise.» Enfin, face au pouvoir qui opprime et corrompt la liberté d’expression, le FFS exprime sa solidarité et apporte son soutien aux travailleurs journalistes.

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