mercredi 2 mai 2018

Sous le signe de la morosité

Au moment où du côté officiel, on loue les «vertus du dialogue social prôné depuis quelques années», le mouvement syndical autonome dénonce «une multiplication des entraves aux libertés». Inquiétude, morosité et tension…le monde du travail algérien a célébré, hier, la journée du 1er Mai, Fête internationale des travailleurs, dans des conditions particulières. Le contexte économique, social et politique du pays ne prête pas à l’enthousiasme. Et cela a été perceptible sur le terrain. Alors que ce genre d’occasion donnait suite, par le passé, à des débats sur les acquis et les avancées réalisés par les travailleurs, en Algérie, le monde du travail a recensé plutôt des régressions. Nombreuses, faut-il le souligner. Au moment où du côté officiel, on loue les «vertus du dialogue social prôné depuis quelques années», le mouvement syndical autonome dénonce «une multiplication des entraves aux libertés». La dernière mesure du ministère du Travail concernant les critères de représentativité syndicale ont suscité colère et indignation chez les syndicalistes. Ces derniers croient déceler, à travers cette décision, une volonté des autorités de donner un nouveau tour de vis à l’exercice syndical dans le pays. Au moins une trentaine d’organisations sont déclarées, officiellement, illégales, près d’une vingtaine d’autres sont en sursis. Elles n’ont pas, selon le ministère du Travail, «rempli les conditions définies à travers l’instruction de mars dernier». Les responsables de ces syndicats s’attendent, désormais, à de nouvelles entraves à l’exercice de leurs libertés acquises après des années de lutte sur le terrain. Sur ce plan, les syndicats autonomes ne devront pas se laisser faire. L’autre régression concerne la fameuse suppression de la retraite anticipée, entrée en vigueur en janvier 2017. La décision, annoncée en 2016, a été massivement rejetée par les syndicats autonomes qui continuent leurs mobilisations pour obtenir sa révision. Mais en vain. La seule concession faite par le gouvernement est celle d’accepter d’engager la réflexion sur les métiers pénibles devant être épargnés par la décision. Une commission a été mise en place pour définir la liste des emplois concernés, mais ses conclusions tardent à voir le jour. Rétrécissement des espaces d’expression En outre, les syndicats autonomes ont vécu, durant ces derniers mois, des moments très difficiles. Ils voient leurs espaces d’expression se rétrécir de plus en plus. Empêchés, d’habitude, de manifester seulement à Alger, les responsables de ces organisations sont désormais réprimés même en dehors de la capitale. L’Intersyndicale de la Fonction publique a subi, à plusieurs reprises, une répression féroce à Alger et même dernièrement à Bouira, où elle avait programmé une marche. Sans ménagement, la police empêche toutes ses actions dans l’espace public. C’est pourquoi, l’Intersyndicale a baptisé cette Fête du 1er mai 2018 «journée de deuil». Un deuil valable aussi pour l’ensemble des travailleurs qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder davantage. La cherté de la vie, le gel des salaires, notamment au niveau de la Fonction publique, et la dévaluation de la monnaie nationale pèsent lourdement sur le monde du travail réduit à espérer des jours meilleurs…

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