samedi 19 mai 2018

Pétrole : Des tensions géopolitiques font grimper les prix

Plusieurs observateurs ont souligné mi-avril que l’Arabie Saoudite souhaiterait un prix du baril autour de 80, voire 100 dollars, afin d’augmenter la valeur de sa compagnie pétrolière Saudi Aramco, avant son introduction en Bourse, prévue  cette année ou  l’an prochain. Le pétrole n’en finit plus de battre des records, après trois années au plus bas, et une remontée progressive depuis juin 2017. Jeudi, le prix du baril de brent a atteint le seuil de 80 dollars, son plus haut niveau depuis fin 2014. Depuis le 1er janvier, les prix ont gagné près de 20%. A l’origine de cette remontée des cours, les tensions autour de l’Iran et la crise politique au Venezuela. Les décisions des Etats-Unis de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions contre ce pays, troisième producteur de l’Opep, font planer l’incertitude sur l’avenir de la production pétrolière iranienne. Alors que ces sanctions ne sont pas encore effectives, difficile de prédire ce que les principaux acheteurs du brut iranien, à savoir la Chine, l’Union européenne et l’Inde, vont faire. Le géant français Total a annoncé qu’il était sur le point de se retirer du pays si les Etats-Unis ne lui octroyaient pas une dérogation spécifique pour continuer son activité. Premier exportateur mondial de pétrole et grand rival de l’Iran, l’Arabie saoudite a récemment déclaré qu’elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour empêcher des pénuries d’approvisionnement en pétrole. En revanche, plusieurs observateurs ont souligné mi-avril qu’elle souhaiterait un prix du baril autour de 80, voire 100 dollars, afin d’augmenter la valeur de sa compagnie pétrolière Saudi Aramco, avant son introduction en Bourse prévue soit cette année soit l’année prochaine. La situation du Venezuela, qui dispose des plus grandes réserves d’or noir au monde, pèse aussi sur la production. Cet autre pays membre de l’Opep produit 1,43 million de barils par jour alors que l’effondrement de la production avoisine les 600 000 barils par jour. En cause, les troubles politiques dans un pays où la manne pétrolière est quasiment l’unique ressource. Le Venezuela pourrait réélire demain son président Nicolas Maduro à sa tête – ce qui n’améliorerait pas l’optimisme pour les capacités de production vénézuelienne dans l’immédiat. La hausse des cours était également alimentée par l’annonce d’un recul des stocks de brut aux Etats-Unis et d’une très forte baisse des réserves d’essence. L’Opep poursuit de surcroît sa politique de limitation de la production, décidée fin 2016, avec dix autres producteurs pour soutenir des cours à l’époque beaucoup plus faibles. Une réunion en juin à Vienne doit décider de son éventuel prolongement. Patrick Pouyanné, le PDG de Total, a déclaré qu’il ne serait pas surpris de voir un baril à 100 dollars «dans les prochains mois». «Nous sommes dans un nouveau monde où les tensions géopolitiques dominent le marché à nouveau», a dit le dirigeant. «Il y a une forte demande sur les marchés, l’Opep et la Russie appliquent leur politique efficacement et par-dessus cela vous avez l’annonce sur l’Iran qui pousse les prix à la hausse. Je ne serai pas surpris de voir un baril de pétrole à 100 dollars dans les prochains mois», a estimé Patrick Pouyanné. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a légèrement abaissé, mercredi dernier, sa prévision de croissance de la demande de pétrole en 2018, envisageant désormais un ralentissement au deuxième semestre, notamment en raison de la hausse des prix. L’organisme s’attend à ce que la demande mondiale de pétrole progresse de 1,4 million de barils par jour (mbj) en 2018, contre 1,5 mbj annoncés le mois dernier. Si la demande au premier semestre a été soutenue par  «un solide contexte économique» et par «une météo froide» en Europe et aux Etats-Unis, elle devrait ralentir au deuxième semestre notamment à cause d’«un récent bond des prix du pétrole», expliquait l’AIE.

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