vendredi 4 mai 2018

Quand Daech se cache derrière un jeu

La cour pénale de Boumerdès a jugé une affaire de «tentative d’appartenance à un groupe terroriste et apologie du crime» impliquant Y., un homme de 35 ans, résidant à Boumerdès. L’affaire remonte à 2014 lorsque le mis en cause, père de trois enfants, opticien et sans antécédent judiciaire, s’est livré à un jeu de stratégie sur internet. Chemin faisant, le jeu allait le mettre en contact avec un groupe fermé qui, petit à petit, le mènera vers l’échange de propagande des actions de l’Etat islamique, aux vidéos des massacres perpétrés par Daech en Irak et en Syrie et leur diffusion. En tous cas, c’est ce que découvriront les enquêteurs chargés de la lutte contre la cybercriminalité sur son téléphone et sa tablette. Au cours de l’audience, l’accusé a mis en avant surtout son addiction au jeu et nié sa volonté de rejoindre le groupe terroriste. La juge lui reproche tout de même de ne pas avoir décroché du jeu une fois tombés les masques du groupe. Elle relève également des contradictions dans les propos de l’accusé. Le procureur général, dans un court réquisitoire, indique la disponibilité de preuves scientifiques sur l’implication du prévenu et requiert 20 ans de réclusion criminelle. La défense, représentée par maître Boumerdassi Malika, pour sa part, a souligné que «tout est virtuel dans cette affaire. On ne sait même pas si les personnes de ce groupe existent réellement. Il aurait fallu une commission rogatoire. Ce qui n’a pas été fait». Elle fera la comparaison avec le jeu du poisson bleu derrière lequel se cachait un criminel. Avant elle, son confrère avait mis en avant que l’accusé ne possède même pas de passeport valide et donc n’avait aucunement l’intention de rejoindre un groupe terroriste et qu’il était plutôt une victime. Après délibérations, le verdict est tombé : 5 ans de prison ferme et une amende de 5000 DA avec la possibilité de faire appel.

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