lundi 21 mai 2018

Quand le bricolage règne en maître

Plus qu’un cafouillage, l’annulation de l’article 3 de l’avant-projet de loi de finances complémentaire, concernant le droit de concession des terres agricoles, montre à quel point la gestion du pays est atteinte de déliquescence. La disposition venait certainement pour mettre de l’ordre dans le secteur en instituant «le droit de concession des terres agricoles et les moyens d’exploitation relevant du domaine privé de l’Etat mis à la disposition des fermes pilotes, qui est transféré aux sociétés d’investissement créées dans le cadre du partenariat public-privé avec des investisseurs nationaux ou étrangers». Mais son annulation va créer encore plus de désordre dans un segment de l’économie nationale qui, à la recherche de la performance, tente de s’ouvrir au partenariat étranger sérieux. Pourquoi cette disposition a-t-elle été supprimée lors de la dernière réunion du gouvernement ? Aucune explication sérieuse n’a été donnée, si ce n’est ce beau rôle qu’on veut attribuer au chef de l’Etat rattrapant les gaffes de son Premier ministre trop libéral. Selon l’expert économique Ferhat Aït Ali, contacté hier par nos soins, le texte en question pouvait bien mettre en place un cadre pour la mise en œuvre des projets de fermes pilotes déjà engagées et surtout offrir un environnement adéquat pour accueillir de vrais partenariats et de vrais projets. Pas comme la ferme pilote d’El Bayadh qui s’avère, dit-il, être un «montage boiteux, du bricolage et surtout une combine qui a échoué». L’expert ne trouve pas, en effet, logique qu’on autorise la concession pour l’industrie, comme c’est le cas de Lafarge et de Renault, et qu’on l’interdise pour le secteur agricole. «Moi, je ne suis pas contre», indique Ferhat Aït Ali, en précisant qu’«à condition que l’investisseur vienne avec un vrai projet». Il faut que l’Algérie cesse d’être une destination pour des aventuriers, comme c’est le cas de la ferme pilote d’El Bayadh, où le partenaire américain s’est présenté avec une société ayant un capital social de 500 dollars. Selon «les échos qui me parviennent de la région, les résultats sont médiocres : trois tonnes de pomme de terre à l’hectare. Mieux, où sont les 25 000 vaches promises en 2016 ?» s’interroge l’expert qui ne comprend pas la gestion du pays qui n’obéit à aucune logique.  

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