mardi 15 mai 2018

Solidarité : Le couffin du Ramadhan passe… au virtuel

Comme le veut la tradition, l’arrivée du mois sacré de Ramadhan connaît un élan extraordinaire de solidarité. En plus des restos du cœur, le couffin du Ramadhan reste l’opération phare qui marque le début des préparatifs de ce mois de piété et surtout de grande consommation. En dehors du canal officiel qu’est le ministère de la Solidarité nationale, des opérations similaires ont envahi ces dernières semaines les réseaux sociaux mettant ainsi en valeur tout un esprit de solidarité chez les Algériens. «Je remercie les donateurs. 75 familles ont été prises en charge». «Nous comptons sur votre générosité». «Voici une mise à jour de ce que nous avons déjà reçu et de ce qui nous manque encore. Merci pour vos dons». «Plus de 500 familles comptent sur nous pour le mois sacré». Des phrases qui inondent des pages et des groupes spécialement dédiés à l’opération du couffin du Ramadhan 2018. Des groupes de bénévoles préfèrent bouder les associations et les canaux officiels pour tendre la main à ceux qui sont dans le besoin. «Merci du fond du cœur pour toute cette joie que vous faites rentrer dans les foyers, le dernier que j'ai livré avait les larmes aux yeux, mais il est resté digne», avait écrit une bienfaitrice dans son groupe Facebook. En insistant pour rester sous le sceau de l’anonymat, cette jeune dame nous parle de son expérience dans cette opération du couffin du Ramadhan qui est à sa 6e année déjà. «L’idée m’est venue après avoir aidé une famille complètement démunie. La grand-mère avait une tumeur au cerveau, pour qui on m'avait demandé de chercher un médicament. Après avoir collecté un petit montant pour ses soins, j'ai été les voir et leur situation était atrocement lamentable. Je connaissais 3 autres familles qui avaient presque le même profil. C’est ainsi que j’ai eu l'idée de lancer une campagne du couffin du Ramadhan pour ces 4 familles qui sont passées à 18 après le recensement des cas, raconte-t-elle. Cela me faisait mal au cœur de voir que ces familles n'avaient jamais accès aux produits qu’elles voyaient dans les spots publicitaires. Cette opération que j’ai entamée seule avec quelques bienfaiteurs et que je ne remercierais jamais assez, a fait effet boule de neige. Les 18 familles sont passées aujourd’hui à 176 familles. Nos dons se sont élargis à d’autres événements au cours de l’année, tels les tenues de l’Aïd et les cartables à la rentrée scolaire. Nous soutenons aujourd’hui 200 enfants dans leur scolarité». Selon cette bienfaitrice, les gens aiment participer aux actions de solidarité et être sûrs de l’acheminement de leurs dons vers les personnes dans le besoin. Selon ses propos, la transparence est tellement présente que certains donateurs parrainent carrément des familles et les font sortir de la misère. Se basant sur son expérience, elle estime que beaucoup de personnes défavorisées sont hors circuit officiel, telles que les non-assurés, les femmes répudiées et les personnes âgées. «Chaque cas est un crève-cœur. Et, généralement, ces personnes préfèrent vivre leur misère que de perdre leur dignité. Cela me fait beaucoup de mal de voir des photos de personnes défavorisées bénéficiant d’aides exhibées sur les réseaux sociaux sans que l'on prenne la peine de flouter leur visage», ajoute-t-elle. En effet, les images de distribution de denrées alimentaire à l’occasion de ce mois sacré dans des camions de ramassage de déchets a connu un élan de colère de pas mal d’internautes. Cette bienfaitrice et la centaine de donateurs et bénévoles qui l’entourent ne sont pas uniques dans cette élan de solidarité. Si les premiers ne sont encadrés par aucune association, d’autres activent dans le cadre associatif et préfèrent souvent l’idée des restos du cœur. Comme c'est le cas de Rami Aboulaiche, organisateur de restos du cœur sous la coupe des associations caritatives Sabrinelle et Hope. «Nous offrons en moyenne jusqu’à 600 repas par jour dans nos 3 restaurants ouverts à cette occasion et nous envoyons des repas aux garde-malades au CHU Mustapha Bacha. Si notre action dure depuis 6 ans, c’est grâce à la volonté et la générosité de tous les donateurs et bénévoles», explique-t-il. D’autres actions sont également menées, mais cette fois-ci dans les grandes surfaces. Des tirelires sont mises devant la caisse et les clients y mettent ce qu’ils veulent selon leur désir. D’autres préfèrent mettre en place carrément des paniers où les clients achètent ce qu’ils jugent nécessaire pour ce mois sacré. C’est aux gérants des grandes surfaces de dispatcher ces dons. Bien que l’initiative soit louable, l’acheminement de ces dons reste un mystère qui dissuade bien de bienfaiteurs. C’est également pour la même raison que ces derniers refusent de se diriger vers les canaux officiels pour faire leurs dons. Signalons que jusqu’au moment où nous mettions sous presse, aucune information officielle, notamment du ministère de la Solidarité nationale, n’est parvenue sur l’argent mobilisé pour l’opération du couffin du Ramadhan 2018.

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