samedi 19 mai 2018

Vacances prématurées dans les collèges et les lycées

L’année scolaire ne dépasse pas 24 semaines, au lieu des 32 prévues dans le programme. Bien que le ministère de l’Education nationale ait imposé un arrêt des cours le 30 juin, la quasi-majorité des établissements du secondaire et du moyen sont en période de compositions du troisième trimestre. La fin de ces épreuves signifie pour les élèves le début des vacances d’été, mettant ainsi le département de Mme Benghabrit devant le fait accompli. Hier encore, Nedjadi Messeguem, inspecteur principal, affirmait, dans une déclaration en marge d’une rencontre à Alger sur la culture du vivre-ensemble, que «les directeurs, ne se conformant pas au calendrier officiel, risquent des mesures disciplinaires». Le même responsable a souligné que «ce calendrier ne prévoit pas d’épreuve avant les examens blancs du BEM et du bac». Sur le terrain, c’est une tout autre réalité. Les établissements scolaires sont en train d’organiser les compositions du dernier trimestre, conformément aux plans des chefs d’établissement, validés par les inspecteurs, alors que la tutelle, elle, a fixé l’arrêt des cours officiel à la fin du mois de juin. «Les chefs d’établissement et les inspecteurs tiennent compte de la difficulté d’organiser des compositions ; après les examens du baccalauréat et du Bem, le climat, le manque de personnel encadrant influencent la décision», souligne Sadek Ziri, président de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). Selon ce syndicaliste, le discours officiel du ministère, exprimant un souci d’accomplir une année scolaire d’au moins 32 semaines, se heurte à la réalité du terrain. Les élèves refusent de retourner en classe une fois leurs examens terminés. Les chefs d’établissement qui ont ainsi appelé à retarder au maximum l’organisation des compositions sont, eux aussi, confrontés à des contraintes de moyens et de hausse de températures dans certaines wilayas, imposant ainsi l’organisation des dernières évaluations à la fin du mois de mai. «L’année scolaire ne dépasse pas en réalité 24 semaines», révèle le président de l’Unpef. Dans certaines wilayas, «les élèves sont déjà en vacances», constate Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), citant le cas de plusieurs établissements à El Oued, «où des élèves ont brûlé leurs blouses devant des caméras pour fêter la fin de l’année scolaire». C’est donc l’arrêt des cours dans la majorité des établissements du moyen et des lycées. «Les élèves sont donc réellement en vacances, au plus tard dans une semaine», souligne le même enseignant, non sans constater que ce phénomène revient depuis des années, et le ministère n’a pas pu y remédier. «Cette année, nous avons également constaté l’absentéisme des élèves du moyen et du secondaire qui ne sont pas des classes d’examen et qui ont jugé inutile de se présenter au troisième trimestre, vu les notes catastrophiques obtenues aux trimestres précédents», ajoute M. Amoura. La surcharge des programmes induisant un «relâchement» chez les élèves doit interpeller le ministère qui devrait ainsi ouvrir le dossier des rythmes scolaires, insistent nos interlocuteurs, dénonçant «le bricolage» dans le traitement de ce dysfonctionnement. Les enseignants auxquels il est demandé d’assurer la continuité des cours jusqu’au 30 juin «sont impuissants devant le phénomène d’absentéisme», explique M. Ziri, appelant à des mesures qui prennent en considération les spécificités régionales. «Au lieu de tenir les enseignants pour responsables, il serait plus pertinent de lutter contre la double vacation des établissements, engendrant une fatigue chez les élèves dont le temps réservé aux loisirs et au jeu est presque inexistant et qui profitent de la moindre occasion pour s’absenter», précise notre interlocuteur. Le Satef souligne la nécessité de la refonte de l’enseignement secondaire avec l’allégement des programmes ainsi que l’ouverture d’un débat sur le rythme scolaire et les vacances.    

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