Le léger remaniement ministériel, opéré hier par le président Bouteflika, a encore une fois touché le ministère du Commerce. En effet, Mohamed Benmeradi, qui occupait le poste depuis le 18 août 2017, a été remplacé par Saïd Djellab, directeur général au commerce extérieur au même ministère. Il s’agit donc d’une promotion interne. Sa nomination semble motivée par la conjoncture actuelle difficile, marquée par le déficit de la balance commerciale. Ce nouveau ministre est déjà médiatiquement très présent. Il reste à savoir si sa mission va s’inscrire dans la durée ou s’il va subir le même sort que ses prédécesseurs. Car, depuis 2014, le ministère du Commerce, aux enjeux colossaux, connaît une instabilité devenue presque chronique. D’ailleurs, en un peu plus d’une année, ce département a connu quatre ministres : Bakhti Belaïb, décédé le 26 janvier 2017, Abdelmadjid Tebboune qui a assuré l’intérim jusqu’à sa nomination comme Premier ministre le 25 mai de la même année, Ahmed Abdelhafidh Saci, qui a fait un court passage de moins de 3 mois à la tête de ce département et Mohamed Benmeradi, qui n’a, lui aussi, pas fait long feu, puisqu’il a occupé ce poste moins de 8 mois. L’instabilité au ministère du Commerce a commencé au lendemain de la présidentielle de 2014. Après avoir obtenu le 4e mandat, le président Bouteflika a désigné l’un de ses fervents soutiens, Amara Benyounès, à la tête du Commerce, en remplacement de l’islamiste Mustapha Benbada. Bien que faisant partie du cercle présidentiel, M. Benyounès n’est resté qu’un peu plus d’une année en poste, à savoir du 5 mai 2014 au 23 juillet 2015. Son remplaçant, Bakhti Belaïb, traînant une lourde maladie, n’a lui aussi pas bouclé deux années à la tête de ce département (du 3 juillet 2015 au 19 janvier 2017). Cette valse de ministres intervient dans une période où l’Etat impose une restriction des importations afin de ne pas creuser le déficit de la balance commerciale, qui a frôlé les 20 milliards de dollars en 2015 et 2016 et qui s’est établi à 11 milliards de dollars en 2017. Les lobbys de l’importation, vivement dénoncés par feu Bakhti Belaïb, exercent indéniablement une forte pression sur cette institution ministérielle en charge de l’organisation, de l’encadrement et du contrôle du commerce. Des pressions qui continuent toujours, en raison notamment des mesures d’interdiction à l’importation de quelque 850 produits. Les importations algériennes en 2017 ont été de l’ordre de 45 milliards de dollars, en légère baisse par rapport à 2016 (46,7 milliards de dollars). Les mesures d’interdiction appliquées depuis janvier 2018 devraient réduire les importations d’au moins 1,5 milliard de dollars.
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