samedi 21 avril 2018

Dans le calme à Béjaïa

La commémoration du 38e anniversaire du Printemps berbère 1980 a été une nouvelle occasion pour le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) de battre le rappel de sa base militante en Kabylie. Comme lors des 20 avril de ces dernières années, le MAK a réussi sa marche qui s’est déroulée dans le calme et la bonne organisation. Les incidents regrettables de la veille, où un militant du mouvement a été tabassé à Tizi Ouzou, ont fait planer le risque d’un dérapage à Béjaïa. Il n’en a rien été. Les incidents de Tizi Ouzou ont été dénoncés dans des interventions des animateurs du mouvement au bout de la marche qui a démarré du campus de Targa Ouzemour. Quelques milliers de marcheurs s’y sont regroupés avec des dizaines de drapeaux jaune, bleu et rouge du MAK qui ont flotté au-dessus des têtes. L’écrasante majorité de la foule est faite d’étudiants qui constituent la base du mouvement auxquels se sont joints des moins jeunes. Tout le monde a repris des refrains puisés du répertoire revendicatif de Ferhat, diffusés par un gros haut-parleur porté par une voiture, couverte par une banderole à l’effigie du leader du mouvement indépendantiste kabyle. Ferhat M’henni, qui est  en exil, était fortement présent par ses portraits imprimés sur des banderoles et ses chants repris par les manifestants. «Ferhat di tmurt negh, timunent d assirem negh» (Ferhat dans notre pays, et l’indépendance est notre aspiration) ont chanté les marcheurs, entre deux slogans rendant hommage à Guermah Massinissa, le jeune assassiné par des gendarmes en 2001, et à Matoub Lounès. Des slogans pour l’indépendance de la Kabylie sont aussi criés, entre autres, «Pas de one, two, three en Kabylie». Les premiers «Pouvoir assassin» ont fusé lorsque les marcheurs sont arrivés à hauteur de la Maison de la culture où se déroulaient les festivités dédiées au 20 Avril parrainées par les autorités. Du même endroit, un défilé a démarré deux heures plus tôt avec fanfare, scouts, échasses, acrobatie et tambours battants. Aux côtés des makistes, ont marché des militants non indépendantistes et on pouvait même y reconnaître au moins un des animateurs du «Collectif avril 80» qui, la veille, avait rejoint une marche des étudiants qui n’a pas drainé grand monde. Dans les sigles de la manifestation se glisse celui de l’URK, mouvement qui milite pour une «république kabyle», créé en décembre 2017 par Bouaziz Aït Chebib, ex-président du MAK. L’URK a appelé à des marches sous le mot d’ordre «Cohésion et fraternité kabyles». Les marcheurs ont observé une halte à hauteur de la cité CNS, d’où, traditionnellement, un noyau de jeunes militants colle à de tels événements en diffusant à grands décibels des chansons engagées. Hier, la foule s’est toute mise au rythme de la chanson de Oulahlou,  Pouvoir assassin, reprenant le slogan des tragiques événements du printemps noir. La marche s’est terminée sur la placette Saïd Mekbel avec les interventions de plusieurs voix au nom du MAK-Anavad qui ont dénoncé la persécution de centaines de militants du mouvement à qui on a «enlevé leurs passeports». Dans la foule attentive de la placette, comme tout au long de l’itinéraire de la marche, de nombreux policiers en civil, mobilisés pour la circonstance, se sont faits discrets.

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