vendredi 20 avril 2018

Le défi : La formation des formateurs

Depuis sa création en 2015, le Laboratoire interdisciplinaire de recherche, d’analyse de discours et d’interculturalité (Lirradi) a organisé plusieurs manifestations scientifiques à l’échelle nationale et internationale. Ses membres, les lirradistes comme on les surnomme, travaillent d’arrache-pied et avec énergie pour faire avancer les travaux de recherche de ce laboratoire interdisciplinaire mis au point par la professeure Karima Aït Dahmane. Mercredi 18 et jeudi 19 avril, un colloque national sur le thème «De la formation initiale à la formation continue à l’université algérienne» a été organisé à l’université Alger 2, lieu de naissance du Laboratoire interdisciplinaire de recherche, d’analyse de discours et d’interculturalité (Lirradi). La manifestation a vu la participation d’intervenants venus d’une vingtaine de wilayas avec 18 participants et avec au total 23 communications. La plupart des interventions ont porté sur la formation des apprenants et celle des enseignants sur les plans notamment pédagogique, linguistique et sociolinguistique. Parmi les constatations des intervenants, des insuffisances au niveau de la maîtrise de l’écriture académique par les étudiants, des contraintes lors du passage d’un cycle à un autre ou encore des lacunes dans les contenus pédagogiques de la formation des professeurs en langues étrangères. Initier l’enseignant au numérique Pour les dirigeantes du Lirradi, les professeures Karima Aït Dahmane et Nassima Amari, le travail sur le terrain est encore à ses prémices. Elles affirment toutefois avoir constaté, lors de leurs différentes démarches pédagogiques universitaires, que l’enseignant doit être initié aux nouvelles méthodes, notamment au numérique. «Ce que nous avons constaté est que, finalement, il y a des lacunes même au niveau de la formation des enseignants. Bien que titulaires d’un magistère ou d’un doctorat, c’est avoir un diplôme. Mais les gens qui vont être recrutés n’ont pas reçu de formation pédagogique et didactique. C’est la raison  pour laquelle on a introduit la notion de la formation continue», a indiqué la directrice de ce laboratoire. Hakim Menguelet, maître-assistant A à l’université de Blida, soulève un problème d’inadéquation entre la formation initiale et la formation continue. Pour lui, il faut s’interroger sur la formation initiale,ainsi que sur les programmes proposés : «Est-ce qu’on prépare l’étudiant à l’enseignement ? Est-ce qu’il sort avec un profil qui lui permet d’enseigner ?» Il cite à titre d’exemple l’officialisation de la langue amazighe : «Une langue qui  fait partie de ce patrimoine et des langues nationales, on l’enseigne à l’école ; arrivé à l’université, l’étudiant est plurilingue. On ne le traite pas de la même façon qu’auparavant, il a plusieurs façons de voir la vie et l’enseignement, donc il faut s’adapter en fonction de ce que dispense la formation au primaire, au collège et au lycée.» Défi Pour les organisateurs de ce colloque, il est temps de proposer une nouvelle démarche afin de sensibiliser les autorités à permettre aux enseignants qui ne sont pas habitués aux outils numériques (data show, logiciels, publication dans des revues en ligne...), de se lancer ce genre de «défi» et d’équiper, notamment, les établissements universitaires de moyens nécessaires. Selon Ouardia Aci, maître assistant A à l’université de Blida 2, «seule certaines écoles supérieures comme l’ENS d’Alger, font la formation». «C’est aussi l’occasion de donner l’alerte et de dire que nous n’avons pas eu cette formation et qu’il est temps que nous l’ayons pour qu’on puisse à notre tour transmettre aux jeunes chercheurs qui arrivent», renchérit Nassima Amari. Le laboratoire Lirradi s’inscrit dans une dimension interdisciplinaire. Il s’intéresse à l’approche interculturelle et à la promotion du plurilinguisme. Pour sa directrice, le monde a dépassé le stade du monolinguisme : «Il faut qu’il y ait une ouverture aux langues étrangères, mais aussi aux langues de grandes diffusion, et bien entendu s’intéresser aux besoins socioéconomiques du pays.»    

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