vendredi 20 avril 2018

Lirradi est un laboratoire qui a organisé en peu de temps plusieurs manifestations

- Vous êtes directrice, mais aussi pionnière du laboratoire Lirradi. Racontez-nous comment a-t-il été créé. Le Laboratoire interdisciplinaire de recherche, d’analyse de discours et d’interculturalité (Lirradi) est le premier et seul labo des langues au niveau de l’université d’Alger 2. Il a été créé en décembre 2015 mais a commencé réellement à fonctionner en 2016. Il est composé des équipes de l’université d’Alger 2 et d’autres universités algériennes car c’est aussi un labo de doctorants. Et comme Alger 2 a des doctorants un peu partout, ces doctorants sont devenus des maîtres de conférences. Donc on a créé un réseau de recherche national. On est dans une dynamique de réseau, on essaie de créer une synergie au niveau des différentes universités et établissements avec nos contacts. Lirradi est un laboratoire qui a organisé en peu de temps plusieurs manifestations scientifiques qui ont connu beaucoup de succès. C’est très important de le souligner. En décembre 2016, il y a eu une manifestation internationale ; malgré quelques réticences dues à des discours médiatiques sur les contraintes sécuritaires, les participants étrangers sont venus ! C’est vous dire que ce réseau national est déjà créé et maintenant on vise l’international, car on ambitionne aussi de donner de la visibilité aux travaux algériens. Les manifestations ont été médiatisées et ont connu un succès, comme le colloque international sur l’altérité. Quelques mois plus tard, on a organisé un colloque international sur «Les représentations du migrant dans les deux rives de la Méditerranée». Je me souviens du service de la DGSN, des cadres de la Sûreté nationale qui étaient présents pendant les deux jours du colloque et qui prenaient des notes. Des collègues disaient : «C’est la première fois qu’on voit des cadres de la Sûreté nationale prendre des notes et intervenir pour enrichir le débat dans un colloque.» C’est vous dire qu’on a pu créer cette dynamique au niveau du Lirradi. La professeure Amari Nassima a organisé une journée nationale sur «L’humour dans tous ses états» et qui a vu la présence surprise de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, ex-ambassadeur d’Algérie en Egypte. Le Lirradi qui commence à avoir un écho et au niveau international. - Est-ce que vous avez des partenaires à l’étranger ? Oui. En fait, comme j’ai fait mes  études à l’université Montpellier 3, j’ai eu deux CMEP (comité mixte d’évaluation et de prospectives), le premier avec Paul Siblot et le second avec Henry Boyer et nous avons continué à travailler ensemble. Les deux ont pris leur retraite maintenant, c’est la raison pour laquelle j’ai essayé, en ma qualité de directrice du laboratoire et avec l’aide du service des relations internationales de l’université Alger 2, de chercher à nouer de nouveaux contacts. Il y a aussi le directeur de Centre d’études littéraires et linguistiques francophones et africaines (Celfa), université de Bordeaux Montaigne, qui a pris contact avec nous pour l’élaboration de projets communs. Nous sommes  parvenues, avec le professeur Nassima Amari, cheffe de projet au sein du labo, à signer un avenant spécifique entre le Lirradi et le Celfa de Bordeaux. - Qu’en est-il des pays d’Afrique du Nord ? Dernièrement j’ai été contactée par des universitaires tunisiens qui voudraient qu’on travaille ensemble,  on a commencé par l’élaboration d’un ouvrage collectif. Nous essayons de travailler avec des collègues. .Prochainement, des «lirradistes» vont participer à un colloque en Egypte sur l’altérité. On va essayer, bien entendu, de négocier avec nos collègues pour donner une dimension internationale à nos travaux. Nous essayons de créer des contacts au Maghreb, au Liban et en France, pour rendre visible la production scientifique des universitaires algériens à l’échelle internationale. - Avez-vous créé de nouvelles spécialités qui correspondent aux objectifs du laboratoire ? C’est le but d’un laboratoire, bien entendu, de s’intéresser aux doctorants et à leurs projets. On les encourage à chaque fois à participer aux manifestations scientifiques. J’encourage également mes collègues à répondre à des offres de formations doctorales ou à les lancer. Ce laboratoire fonctionne avec les doctorants. Et effectivement au niveau de Lirradi, nous avons déjà le doctorat «Analyse de discours médiatique et didactique de l’interculturel», donc nous avons des doctorants qui travaillent sur l’analyse du discours médiatique d’actualité et d’autres qui ont choisi la perspective didactique, donc qui s’intéressent de plus près au plurilinguisme et à l’interculturel. - La revue du Lirradi a-t-elle été lancée en même temps que le laboratoire ? Le laboratoire a sa propre revue et c’est une revue internationale et interdisciplinaire. On a publié le n°1 en 2017, qui a vu des contributions internationales, notamment des universités de Bordeaux Montaigne et de Montpellier 3, de Bruxelles et de Jordanie. Le deuxième numéro va bientôt sortir. C’est une revue à comité international, donc on encourage les chercheurs spécialisés  mais aussi les doctorants à publier leurs travaux. Nous avons offert une opportunité à nos docteurs et à nos doctorants pour qu’ils puissent soutenir leurs thèses et en même temps pour enrichir la production scientifique algérienne. Nous avons également des références comme Patrick Charaudeau, directeur du Centre français d’analyse du discours (université Paris XIII), qui nous a promis de rédiger les préfaces de nos publications. Les étrangers sont intéressés par la publication de leurs travaux en Algérie, notamment à travers les actes des colloques tenus dans notre pays. Nous avons demandé l’intégration du laboratoire Lirradi au Lafef (qui a remplacé l’Edaf) un réseau qui s’intéresse aux doctorants du point de vue encadrement et manifestations scientifiques. Notre demande a normalement été acceptée, vous trouverez les activités de Lirradi diffusées sur le site du Lafef. - Comparativement aux universités étrangères, on remarque un manque de production scientifique dans les universités algériennes. Pourquoi selon vous ? La production algérienne est satisfaisante. Le problème est au niveau de la publication des travaux en ligne et je pense qu’il faut penser à créer plusieurs revues en ligne, vu la crise financière qui touche pas mal d’universités dans le monde et non pas seulement l’université algérienne. Il faut créer des bibliothèques numériques ou numérisées pour une meilleure visibilité des travaux algériens. Au niveau de Lirradi, on essaie d’offrir des opportunités de publication, car qui dit publication des travaux, dit aussi visibilité des travaux algériens à l’échelle internationale. - Avant le Lirradi, il n’y avait pas de laboratoire au niveau de l’université Alger 2. Pourquoi ce retard ? En effet, c’est le seul laboratoire de langues étrangères, du moins au niveau de notre université. Et cela, c’est tout à notre honneur. J’ai remarqué que les doctorants voulaient un cadre pour travailler en réseau. La seule chose qu’on pouvait leur offrir, c’est un laboratoire. Cela n’a pas été facile de le créer et de le faire fonctionner. La naissance du Lirradi a été rendue possible grâce aux contributions de certains collègues. C’est tout à l’honneur des «lirradistes» de travailler avec les doctorants et de tenter de créer des réseaux de recherche. Ils ont collaboré au travail au niveau du labo en dépit des difficultés rencontrées. A l’heure actuelle, la rectrice d’Alger 2 nous encourage à travailler, elle est là, à l’écoute... c’est la raison pour laquelle nous continuons à enrichir la production scientifique de notre université. - Etait-ce dû au manque de moyens ou d’initiatives ? L’Etat algérien a mis les moyens. Au niveau de la faculté des lettres arabes, il y a plusieurs laboratoires. Je pense que c’est plutôt un manque d’initiatives dont j’ignore les raisons. On a travaillé en équipes pour arriver à créer ce laboratoire. Personnellement,  je pense que quand on arrive au grade de professeur, il faut savoir créer son laboratoire pour offrir un meilleur encadrement aux doctorants et mastérants. C’est le travail en réseau qui va enrichir la production scientifique nationale et permettre un meilleur classement à notre université à l’échelle internationale.  

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