dimanche 22 avril 2018

«Le gouvernement active pour le retour au syndicat unique»

Les délégués de l’Intersyndicale ont exprimé hier leur «indignation» concernant les propos du ministre du Travail sur l’activité et la représentativité syndicales. Réunis hier à Alger, les délégués syndicaux ont dénoncé «les manœuvres du gouvernement» à travers le ministre du Travail, «en piétinant la législation pour consacrer le retour au syndicat unique». Le taux annoncé par le ministère du Travail concernant le niveau de syndicalisation parmi les travailleurs est jugé «exagéré» par les membres de l’Intersyndicale. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale évalue le taux de syndicalisation à 20% ce que les représentants des syndicats autonomes qualifient d’«erroné et exagéré». Meziane Meriane estime que le département de Mourad Zemali «est lancé dans le travail de reconfiguration de la scène syndicale en utilisant des moyens illégaux pour favoriser le retour au syndicat unique». Le même syndicaliste révèle que «les statistiques que nous détenons indiquent que ce taux ne dépasse pas 10,9%». Pour le président du syndicat autonome des professeurs du secondaire et du technique, «le gouvernement est en train de mettre en place la machine qui lui permettra de consacrer l’UGTA comme seul partenaire social». Les mêmes craintes sont partagées par Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Les syndicats autonomes assistent depuis quelques mois à plusieurs atteintes à la liberté d’activité syndicale. L’annonce d’un taux de syndicalisation de 20% pour avantager l’ugta n’a d’autre objectif que de «briser les voix qui dénoncent les mesures impopulaires du gouvernement», estime M. Amoura. L’Intersyndicale a dénoncé il y a quelques semaines les mesures «illégales» du ministre du Travail visant à restreindre l’activité syndicale qu’aux organisations représentatives, «ce qui est contraire à la loi». Pour rappel, le ministre du Travail avait indiqué, mercredi dernier, que 35 syndicats n’avaient communiqué au ministère du Travail, dans les délais légaux, «aucune information sur les éléments permettant d’apprécier leur représentativité, notamment à travers la présentation d’une liste nominale complète des adhérents, les montants des cotisations et leurs numéros d’affiliation à la Sécurité sociale». Le ministre a indiqué que les syndicats qui n’ont pas encore confirmé leur représentativité «n’ont pas le droit de présenter une plateforme de revendications ou de participer aux négociations ou d’appeler à la grève». «Nous sommes particulièrement interpellés par l’aisance avec laquelle le ministre enfreint la réglementation et fait l’amalgame entre le droit d’exercer une activité syndicale garanti à n’importe quel collectif de travailleurs et le droit de participer à la négociation soumis à un taux de représentativité», souligne le président du Satef. Pour l’Intersyndicale, les objectifs du gouvernement sont clairs, «il s’agit de baliser le terrain devant l’UGTA comme unique partenaire social et n’avoir aucune voix discordante concernant l’adoption des lois sur la santé et le nouveau code du travail». L’Intersyndicale organisera, le 1er mai prochain, une conférence sur l’activité syndicale et la légalité. Des experts du domaine de la législation du travail sauront battre en brèche les arguments du ministère du Travail, expliquent les membres de l’Intersyndicale, présents hier à la réunion. «Il s’agit également pour nous de relancer le projet de la confédération des syndicats autonomes et de constituer un bloc syndical uni», ajoute M. Amoura.  

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