mardi 24 avril 2018

Le ministre peine à convaincre

Les débats sur le projet de loi relatif à la santé se sont poursuivis hier dans un hémicycle pratiquement vide. Ce qui montre le désintérêt des élus du peuple affiché vis-à-vis de cette loi, à l’exception de quelques députés conscients des enjeux d’un tel texte réglementaire. Au vu des interventions des représentants des différentes formations politiques, les avis sont unanimes à dénoncer l’état dramatique dans lequel se trouve aujourd’hui le secteur de la santé, avec tous les dysfonctionnements qui le caractérisent et un projet de loi loin de toutes les attentes. Outre les partis de l’opposition qui ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’avenir de ce secteur, si cette mouture venait à être adoptée, les partis de la majorité RND et FLN n’ont pas manqué de s’interroger sur les conséquences d’une telle «politique» défendue par le Pr Hasbellaoui, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui répondait hier aux questions des députés. Teghrsi El Houari, député FLN, n’a pas mâché ses mots. Il estime que «le ministre de la Santé n’a pas répondu aux préoccupations des députés ni à celles des citoyens portant sur les dispositions de cette loi et tous les problèmes rencontrés sur le terrain. A la lecture de cette loi, de nombreuses dispositions risquent d’avoir des conséquences fâcheuses pour le secteur, notamment pour ce qui est de la gratuité des soins. Il est vrai que l’article 12 consacre cette gratuité, mais elle est remise en cause par d’autres articles dans la loi, à titre d’exemple le 348, qui stipule que ‘‘les bénéficiaires de soins peuvent être appelés à contribuer au financement des dépenses de santé dans le respect des dispositions de la présente loi’’, on aimerait avoir des explications à ce niveau-là. C’est le cas également de l’introduction du secteur privé dans le public avec des dispositions qui restent floues. Ce qui risque de voir un renversement de situation qui ne peut pas être en faveur du citoyen», a-t-il déclaré avant d’appeler à la création d’un haut conseil de santé indépendant, un équivalent de la haute autorité de santé avec une gestion transparente. Pour l’élu du FFS qui demande le retrait ce projet, Baloul Djamel, l’Etat, à travers cette loi, se désengage complètement pour ce qui est de la santé des Algériens. «Il s’agit d’un recul clair sur la gratuité des soins. C’est très bien illustré par les différents articles. Nous demandons le retrait de ce texte et nous proposons l’ouverture d’un large débat à tous les acteurs pour l’élaboration d’un texte consensuel afin de définir une stratégie nationale pour une meilleure santé des Algériens.» Pour la représentante du RCD, Nora Ouali, le jumelage du secteur public et privé tel que c’est présenté dans cette loi ne répond à aucune logique. «Comment peut-on parler de gratuité dans le secteur privé, alors que la nomenclature de tarification des actes date de 1986 et sa révision ne semble pas être à l’ordre du jour. Le citoyen algérien continuera donc à payer ses soins de sa poche et cette loi ne lui apporte aucune protection», a-t-elle indiqué. Et d’appeler au retrait de cet texte. Pour Nadia Chouiten, du Parti des travailleurs PT qui a introduit une cinquantaine d’amendements, le ministre de la Santé «n’a pas répondu aux questions ni aux préoccupations de tous les députés, alors qu’il y a une menace réelle sur le droit à la santé. Nous avons démontré qu’il y a des contradictions de fond quant à la gratuité. Il s’agit d’une suppression sans ambiguïté aucune. La menace pèse également sur le système de la sécurité sociale. Le manque d’arguments dans la réponse du ministre est la preuve que ce texte est indéfendable. Est-ce que le Pr Hasbellaoui et le gouvernement mesurent la portée et les conséquences dangereuses de ce texte ?» s’est elle interrogée. A noter que ce projet de loi sera soumis au vote le 30 avril prochain.  

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