mardi 24 avril 2018

Politique des privatisations : Les preuves irréfutables du bradage de Temmar

Il n’est un secret pour personne que la politique que Abdelhamid Temmar a eu à conduire a été un véritable fiasco pour l’économie nationale, et a surtout servi à mettre en place une oligarchie vorace et prédatrice. L’ancien ministre de la Participation et de la Coordination des réformes et de l’Industrie au début des années 2000, Abdelhamid Temmar, a remis, avant-hier sur le plateau d’une chaîne de télévision privée, au goût du jour le dossier des privatisations. Il bombe le torse, se défend et défie quiconque lui apportera la preuve que les réformes dont il a été chargé par le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, ont été un échec. Il veut même faire admettre que cela a été une réussite. Pourtant, il n’est un secret pour personne que la politique qu’il a eu à conduire a été un véritable fiasco pour le pays, et a surtout servi à mettre en place une oligarchie vorace et prédatrice. Nous avons contacté hier le Parti des travailleurs pour connaître un peu le fond des accusations que la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, avait adressé à l’ancien ministre, recyclé aujourd’hui comme conseiller de la Banque d’Algérie. C’est Ramdane Taazibt, parlementaire et membre du bureau politique, qui s’exprime sur ce lourd dossier. D’emblée, notre interlocuteur entre dans le vif du sujet. Il indique que «dans un pays normal, c’est à la justice de prendre le relais et d’enquêter sur le bradage du secteur public maquillé en opération de privatisation». «Le président de la République lui-même avait qualifié, en 2008, la politique de privatisation d’échec», poursuit le député. D’où, d’ailleurs, l’instauration de la règle de 51/49 et le droit de préemption. «Un ancien ministre de l’Industrie m’a avoué que si le bilan des privatisations était rendu public, il ferait l’effet d’une bombe atomique», nous a confié M. Taazibt. Le parlementaire du PT cite quelques exemples : «Le cas le plus édifiant est celui d’El Hadjar qui est devenu un amas de ferraille.» Ce complexe sidérurgique qui, selon lui, employait 12 000 travailleurs et produisait 1,2 million de tonnes d’acier/an ne fait travailler aujourd’hui que 6000 personnes et ne produit plus que 150 000 tonnes d’acier/an. «Les emplois ont été divisés par deux et la production par dix», souligne Ramdane Taazibt, étonné par le fait que Abdelhamid Temmar revient et ose parler de réussite. Notre interlocuteur nous fournit d’autres exemples du bradage du secteur public, entre autres l’Entreprise nationale de gaz industriels (ENGI), dont 66% du capital ont été cédés, la laiterie de Draâ Ben Khedda vendue à 80 milliards de centimes, alors qu’elle réalisait annuellement un bénéfice de 50 milliards de centimes. Le parlementaire du Parti des travailleurs parle de bradage, de pratiques maffieuses, de passe-droits et de conflits d’intérêts. Comment l’ancien ministre de l’Industrie peut-il s’enorgueillir d’avoir privatisé 400 entreprises pour la modique somme de 1,2 milliard de dollars ? Abdelhamid Temmar n’a pas réformé, il a mené des contre-réformes, soutient Ramdane Taazibt, qui souligne que le secteur public de l’agroalimentaire avait réalisé, selon un rapport du gouverneur de la Banque d’Algérie, une croissance de 29%. L’ancien ministre de l’Industrie, dira-t-il, a privatisé les entreprises les plus juteuses, à l’instar de l’Enava spécialisée dans la production du verre, cédée à Saint Gobain pour 5 millions d’euros et d’Asmidal. Le parlementaire du PT donne un autre exemple, celui de l’industrie de transformation de la tomate à l’est du pays. Certaines unités privatisées ont été fermées, d’autres ont changé d’activité et cela n’a pas été sans conséquences sur l’emploi, indique Ramdane Taazibt. La filière a perdu 250 000 emplois, affirme-t-il, avant de faire remarquer que l’Algérie importe le produit de Turquie et de Chine. «Personne ne veut faire le bilan de la politique de privatisation menée depuis des années dans le pays, alors que l’article 120 de la loi 04-01 exige du gouvernement de le faire chaque année», dénonce le député et membre du bureau politique du parti de Louisa Hanoune.  

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