Le rapport 2017 du département d’Etat américain sur la situation des droits de l’homme dans le monde est particulièrement sévère pour le pouvoir algérien. Dans le document rendu public le 20 avril, le département d’Etat relève une série de dysfonctionnements «restreignant la liberté d’expression» en Algérie. «Les questions les plus importantes en matière de droits de l’homme comprennent l’atteinte illégale à la vie privée, les lois interdisant certaines formes d’expression, souvent vagues, ainsi que les lois pénales sur la diffamation, les limites à la liberté de la presse, les restrictions sur la liberté d’assemblée et d’association», note le rapport. Mais la charge ne s’arrête pas là, puisque le département d’Etat dénonce d’autres pratiques en cours dans le pays : «La corruption des responsables, y compris les perceptions de manque d’indépendance et d’impartialité judiciaires. La violence domestique meurtrière contre les femmes. La criminalisation de l’activité de même sexe et la traite des personnes.» Le document rapporte que des personnes non hétérosexuelles auraient été abusées sexuellement par les forces de police. «Les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) auraient été détenues arbitrairement et abusées physiquement et sexuellement par les officiers de police durant l’année», rapporte le rapport. Autre grief soulevé par les Américains : l’utilisation systématique de la détention provisoire prolongée. Le document relève que «les forces de sécurité ont détenu de manière routinière des individus ayant participé à des grèves ou protestations. Les individus arrêtés ont rapporté que les autorités les ont détenus de quatre à huit heures avant de les libérer sans accusations». Dans son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme dans le monde, le département d’Etat relève également dans le cas de l’Algérie, un usage détourné de lois menant vers des arrestations arbitraires. «Bien que les lois interdisent les arrestations et les détentions arbitraires, les autorités ont parfois utilisé des dispositions formulées vaguement pour arrêter et détenir des individus considérés comme perturbant l’ordre public ou critiquant le gouvernement», écrit le département d’Etat, qui regrette que le gouvernement algérien continue de nier que 160 personnes, qui demeurent incarcérées depuis les années 1990, sont des prisonniers politiques et pas éligibles pour être graciées dans le cadre de la charte de la paix et de la réconciliation pour avoir commis des crimes violents durant le conflit interne. Un autre volet concerne la situation de la liberté d’expression et de la presse, jugées insuffisantes. «Bien que le débat public et les critiques du gouvernement soient très répandus, les journalistes et les activistes estiment être limités dans leur capacité à critiquer le gouvernement publiquement dans des sujets dépassant des lignes rouges non spécifiées», affirme le rapport qui rappelle que «certains grands médias ont fait l’objet de représailles directes et indirectes pour avoir critiqué le gouvernement». Dans ce document, le département d’Etat évoque les dangers encourus par les activistes sur les réseaux sociaux, dont certains ont été arrêtés, et sur la surveillance par les services de sécurité, des réseaux sociaux. «Les activistes ont rapporté que certaines publications sur les réseaux sociaux peuvent aboutir en une arrestation et interrogatoire. Les observateurs ont globalement compris que les services de renseignement surveillent de près les activités sur les réseaux sociaux», indique le rapport. «Bien que la Constitution inclut la liberté de réunion pacifique et d’association, le gouvernement restreint sévèrement l’exercice de ces droits», rappellent les Américains.
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