Fin de calvaire carcéral pour Slimane Bouhafs, condamné à la prison ferme – 3 ans – pour un absurde délit d’«insulte à l’islam et offense au Prophète». Il retrouve enfin sa liberté. C’est sa fille Thelilli qui a annoncé la bonne nouvelle sur sa page Facebook : «Enfin mon père est parmi nous», en remerciant tous ceux qui ont soutenu la famille du détenu. «Nous étions en route vers la prison de Jijel pour lui rendre visite, lorsque ma mère a reçu un coup de téléphone. C’était lui. ‘‘On m’a libéré ce matin, je prends un taxi pour rentrer à la maison’’, lui dit-il. Non, attends-nous sur place, on arrive dans pas longtemps», raconte la fille du détenu qui était à la tête d’une campagne de mobilisation pour la libération de son père. C’est ensemble qu’ils rentrent tous à la maison. D’une voix affaiblie, Slimane Bouhafs dit toute son émotion et sa joie de retrouver sa famille, mais sans cacher sa colère. «Je suis rempli de joie de retrouver les miens qui ont énormément souffert. C’était trop. C’est plus qu’une injustice, j’ai subi une terrible injustice. Je n’ai fait de mal à personne, je n’ai tué personne. On m’a privé de ma liberté injustement», nous confie-t-il. «J’en ai vu des choses insupportables en prison, si j’ai pu tenir c’est grâce aux lettres de soutien qui me sont parvenues du monde entier», révèle-t-il. Ainsi donc prend fin l’affaire Bouhafs qui avait scandalisé une partie de l’opinion, mais non sans laisser de trace dans la vie du détenu et celle de sa famille. L’homme est tiré de son anonymat pour être propulsé au-devant de la scène. Ancien policier, Slimane Bouhafs s’est retrouvé, malgré lui, au centre d’une cabale judiciaire aux relents inquisiteurs. Il a été arrêté le 31 juillet 2016 et poursuivi pour «insulte à l’islam et offense au Prophète». Son délit était d’afficher sa croyance religieuse – chrétienne – qui n’est pas celle dominante. Condamné en première instance à cinq ans de prison ferme, avant de voir sa peine commuée à trois années de prison ferme en appel, Slimane Bouhafs a bénéficié d’une réduction de peine à vingt mois à l’occasion de la fête de l’indépendance. Durant son séjour carcéral, Slimane Bouhafs est «ballotté» d’une prison à une autre. De celle de Sétif, à celle de Constantine avant de purger sa peine à la prison de Jijel. Si désormais elle fait partie du passé, l’affaire Bouhafs rappelle combien les libertés religieuses sont constamment menacées en Algérie. Alors que formellement la Constitution garantit la liberté de conscience, la réalité est souvent dictée par la loi de la majorité qui ne tolère point la différence.
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