vendredi 18 mai 2018

Edito : La loi du plus f’tor

Bien que ce ne soit pas la seule, il y a une chose que je ne suis pas arrivé à comprendre. Pourquoi, depuis l’indépendance, aucune étude n’a été réalisée sur le travail durant le Ramadhan, associée à un sondage d’opinion, à la concertation de toutes les parties, à la collecte de propositions ? A moins qu’un tel travail existe et que, comme souvent, il sommeille dans le tiroir d’un responsable qui (le pauvre !) croit encore, au IIIe millénaire, que cacher l’information est source de pouvoir. Evidemment, poser la question du travail peut sembler superflu car elle se pose toute l’année et nous ne sommes pas connus pour être des acharnés du boulot. Chaque année, la Fonction publique, imperturbable, nous balance les mêmes horaires sans tenir compte des saisons, du transport, de la productivité, de l’environnement, des usages, etc. La seule nuance concerne les wilayas du Sud, comme s’il n’était pas arrivé par exemple qu’il fasse 45° humide à Alger et 36° sec à Tamanrasset. Tout le monde fait semblant mais dans la réalité, nous sommes loin de la sérénité helvético-germanique du communiqué sur les horaires du Ramadhan. Il y a déjà cette tolérance qui permet aux travailleuses de rappeler qu’elles sont des ménagères et donc de sortir une heure avant. J’ai entendu des hommes dire qu’ils devraient sortir une heure avant elles puisque ce sont eux qui font le marché et que, faute de quoi, les femmes ne pourraient cuisiner ! Ils ne se privent pas cependant de prendre sur leurs horaires pour faire leurs courses à proximité. Quant au rythme de travail, il se limite souvent à tuer le temps et le secteur privé n’est pas un modèle du genre non plus. Il y a quelques années, en Tunisie, en plein Ramadhan, j’ai vu tout le monde sortir du travail vers 13h30. Ils commençaient plus tôt, encore énergisés par le s’hor, et avaient tout l’après-midi pour faire leurs courses, cuisiner ou paresser. Et le trafic routier se faisait dans l’aisance. Est-ce toujours le cas ? J’ai entendu dire qu’à Sonelgaz, quelques mois avant, les horaires étaient un peu étendus et le quanta supplémentaire était reversé durant le Ramadhan pour permettre aux travailleurs et travailleuses de sortir plus tôt. Personne ne s’est intéressé à cette expérience. Pourquoi a-t-on si peur de la réflexion pour imaginer des solutions intelligentes, réalistes, modernes, nuancées par secteurs et pas hypocrites surtout ? Mais bien sûr, la réflexion, c’est du travail aussi...

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