mercredi 16 mai 2018

La marche des résidents empêchée

Des dizaines de médecins résidents ont été interpellés, hier, par la police à l’hôpital Mustapha Pacha et aux accès à la capitale. Répondant à l’appel de leur collectif autonome (Camra), des résidents de la dizaine de CHU du pays avaient convergé vers Alger pour «une marche de la dignité». Aux abords de l’hôpital, c’est l’indignation des malades et de leurs parents. «Qui s’occupe des malades ? Que tu meures ou que tu perdes un membre, personne n’a pitié de notre souffrance», lance une femme aux CRS impassibles, alignés devant l’entrée principale, côté CPMC. C’est à grand-peine que les visiteurs du CHU ont pu rejoindre les services de l’établissement algérois, en passant par l’accès sud. Un millier de résidents ont pu se rassembler dans l’enceinte du CHU, malgré le dispositif policier installé aux abords de l’établissement. Massés devant le portail principal fermé, les résidents ont essayé de forcer le dispositif sécuritaire. Pour les en dissuader, les policiers ont eu recours aux canons à eau. «La police contrôlait tous les accès. Des policiers avaient une liste nominative des résidents», signale le Dr Samir Kikout, délégué du CHU de Douéra. Des résidents ont été empêchés de rejoindre leurs camarades dans leurs wilayas d’origine. A Tizi Ouzou, la police a procédé à des fouilles dans les gares routières et ferroviaires de la ville. «Les policiers s’étaient installés à l’entrée des gares de Tizi Ouzou. Comme on me l’a assuré, parmi l’effectif de policiers de la gare, il y avait des agents du CHU Nedir Mohamed qui nous connaissent. Moi, j’ai pu me faufiler et rejoindre Alger. D’autres camarades n’ont pas eu cette chance», relate un résident du CHU Nedir Mohamed. Après la levée de leurs sit-in, les résidents étaient décidés à rejoindre la place Aïssat Idir, et commencé une marche vers le centre de la capitale. Le Pr Hasbellaoui «décevant» La police a dispersé les groupes de marcheurs. Quelque dizaines de résidents ont été interpellés et embarqués dans les fourgons de police. Ils seront transférés vers des commissariats de la périphérie de la capitale. «On a tenté de se regrouper à 14h30 à la place Aïssat Idir, mais la police nous a embarqués de force. J’ai été transféré avec une trentaine de résidents vers un commissariat de Ouled Chebel», signale le Dr Kikout qui s’était réuni avec ses camarades à la gare de Birtouta avant de rejoindre, précise-t-il, le CHU Mustapha Pacha pour une réunion de concertation avec les autres délégués. A la veille de leur action avortée, des représentants des résidents du Camra ont été conviés à une réunion avec le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui. «On s’est rendus, hier (lundi, ndlr) à la rencontre avec l’espoir que le ministre, qui est notre professeur, soit compréhensif et nous propose une solution définitive à la crise. L’entrevue, à laquelle ont assisté les collaborateurs du ministre, a duré un quart d’heure. Le ministre a posé la condition de la levée du gel de l’arrêt des gardes avant de reprendre les négociations. Nous avons refusé», lâche le Dr Sofiane Benseba, l’un des quatre délégués nationaux réunis dans le bureau du ministre. En grève depuis six mois, les médecins résidents en sciences médicales ont décidé l’arrêt des gardes pour dénoncer le «mutisme» du ministère de la Santé et la violence policière. Les résidents comptent adresser un courrier au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, demain. Interpellé ces derniers mois lors de leurs différentes interventions, «le chef de l’Etat est notre dernier espoir pour voir notre conflit résolu», espèrent des délégués, qui regrettent l’«inaction et l’absence de solidarité» de la société civile, à l’instar des associations des malades chroniques.

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