mercredi 2 mai 2018

Les médecins généralistes réquisitionnés au CHU de Tizi Ouzou

En raison de l’absence des médecins résidents, en grève depuis maintenant 6 mois,  qui ont décidé de boycotter les gardes, la direction du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou a réquisitionné les généralistes et renforcé la présence des assistants dans les services, nous a-t-on expliqué, hier, sur les lieux où nous avons constaté la présence de nombreux spécialistes qui procédaient aux consultations médicales. «C’est la grève ?» s’interroge un citoyen à l’intérieur de l’enceinte hospitalière. Un autre rétorque : «Il y a des médecins qui prennent en charge les patients.» La situation est plus ou moins maîtrisée, selon les parents de malades que nous avons interrogés à leur sortie de la visite. «Certes, on n’a pas reçu beaucoup de malades mais toutes les conditions sont réunies pour assurer les gardes de manière régulière», nous a-t-on également précisé au niveau de la même structure. L’administration a doublé ou triplé, dans certains services, le nombre des spécialistes pour faire face à l’absence des résidents qui constituent «l’âme» du CHU, pour reprendre l'expression d’un hospitalier rencontré à l’entrée du bloc des urgences d'où sortent deux assistants qui ont terminé une intervention chirurgicale. «Les interventions se font sans arrêt. On ne peut pas laisser le malade. On est là pour le servir même si on sait que la grève de nos collègues résidents est légitime», ajoute un praticien qui souligne aussi que toutes les dispositions nécessaires ont été prises et que le personnel a été mobilisé pour faire face à l’absence des médecins résidents, qui ont déserté les services pour maintenir la pression sur le ministère de tutelle afin d'accéder à leurs revendications. «Tous les résidents ont boycotté les gardes suite au mutisme de la tutelle qui n’a pas affiché sa disponibilité à répondre favorablement à nos doléances», nous dit un médecin résident. Pour Abdelmoumène Zennouche, représentant des «DEMSsistes» (résidents en fin de cycle de formation), l’arrêt des gardes a été suivi à 100% au niveau du CHU de Tizi Ouzou. «Maintenant, le mouvement se durcit parce qu’il n’y a pas eu d'avancée palpable concernant la satisfaction de nos doléances», ajoute le Dr Zennouche, qui précise que d’autres actions sont dans l’agenda de ces futurs spécialistes, déterminés à radicaliser davantage leurs actions si rien n’est fait pour répondre favorablement à leur plateforme de revendications. «Nous n'exigeons pas la lune. Nous ne demandons que nos droits légitimes. Nous ne refusons pas le service civil, nous voulons juste un peu plus de considération. Les médecins, âgés de plus de 30 ans, doivent être traités aussi de la même manière que les autres citoyens dans le cadre de leur régularisation vis-à-vis du service national. Ils ne peuvent pas faire le service civil et accomplir le service national aussi», nous a confié ce futur neurochirurgien qui appréhende, dit-il, d’être affecté au fin fond du Sud pour exercer dans des hôpitaux dépourvus de moyens matériels. «Que voulez- vous que je fasse si je suis affecté dans une région du Sud, où il n'y a même pas de plateau technique pour assurer mon travail ? Nous ne voulons pas exercer la médecine sur le papier, nous voulons des moyens pour accomplir notre mission dans de bonnes conditions et surtout dans l’intérêt du malade», a-t-il ajouté. Par ailleurs, notre interlocuteur nous a fait part de réquisitions adressées nommément aux résidents. Ces derniers n’ont pas pris acte de ce document. Et pour cause, nous a-t-il expliqué, «la loi n’est pas claire sur cette histoire de réquisition des médecins résidents puisqu’ils ont toujours le statut d’'étudiant'».

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