mercredi 16 mai 2018

Massacre de civils palestiniens à Ghaza : Israël au banc des accusés

De nombreux pays de divers continents ont condamné hier avec véhémence le massacre de 61 civils palestiniens perpétré lundi par l’armée israélienne dans la bande de Ghaza. L’enclave palestinienne est depuis le 30 mars le théâtre d’une protestation pacifique massive appelée «Grande marche du retour», dont l’objectif est de réitérer le droit des Palestiniens à retourner sur les terres desquelles ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948, jour de la Nakba (la catastrophe) pour les Palestiniens. Il s’agissait aussi pour les Palestiniens de dénoncer le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Al Qods et le blocus imposé depuis plus de dix ans à Ghaza par Israël et l’Egypte. Le mouvement a drainé des dizaines de milliers de Palestiniens, hommes, femmes et enfants, le long de la frontière de sécurité. Malgré le caractère pacifique de la protestation, le gouvernement israélien n’a pas hésité à ordonner à ses soldats de tirer sur les civils désarmés. Depuis le 30 mars, 115 Palestiniens ont été tués et 11 000 autres blessés par les tirs israéliens.   En plus des condamnations, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont soutenu l’idée d’investigations lancées par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, fin mars, quand a commencé la mobilisation ghazaouie par une première journée sanglante. La Turquie, qui a qualifié de «génocide» le massacre israélien, a, quant à elle, demandé à l’ambassadeur israélien «de retourner dans son pays pour un certain temps». Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a appelé également les pays musulmans qui entretiennent des relations avec Israël à les «reconsidérer». Il a, en outre, appelé à la tenue vendredi en Turquie d’un «sommet extraordinaire» de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui compte 57 membres. «Les pays musulmans doivent reconsidérer leurs relations avec Israël. Le monde musulman doit agir d’une manière collective et parler d’une seule voix face à ce massacre», a déclaré M. Yildirim. Décision incendiaire Pour sa part, la Ligue arabe a appelé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête sur «les crimes de l’occupation israélienne». Sur le continent africain, l’Afrique du Sud a dès lundi soir rappelé son ambassadeur. Dans un communiqué rendu public hier, l’Algérie a aussi condamné «le bain de sang perpétré par les forces d’occupation israélienne» et réitéré son soutien «total» à la cause palestinienne et au «droit inaliénable» du peuple palestinien d’établir son Etat indépendant avec Al Qods pour capitale. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et Amnesty International ont, quant eux, évoqué des «crimes de guerre». Dans leur sillage, l’Irlande a convoqué hier l’ambassadeur israélien. La Belgique a fait de même avec l’ambassadrice Simona Frankel, après que la diplomate eut qualifié de «terroristes» toutes les victimes de Ghaza. Malgré cette importante vague de réprobations, les Etats-Unis ont continué à soutenir Israël. Washington est allé  jusqu’à s’opposer au Conseil de sécurité de l’ONU à la condamnation des crimes commis par Israël à Ghaza. Le soutien américain n’est d’ailleurs pas allé sans susciter l’ire de l’opinion internationale. De nombreux grands médias dans le monde ont qualifié le président américain, Donald Trump, d’«incendiaire» et de «provocateur» en transférant son ambassade à Al Qods occupée. La décision américaine a même été perçue comme un acte d’abandon du projet d’un Etat palestinien. Il est reproché au successeur de Barack Obama d’avoir ouvert une ambassade américaine dans une ville dont la moitié Est est toujours considérée par la communauté internationale comme «occupée» par Israël depuis 1967. De nombreuses ONG de défense des droits de l’homme ont déploré en outre qu’entre «ses promesses de campagne et les risques d’embrasement de toute une région du monde, voire de la planète entière, Donald Trump n’a aucune hésitation».   En France, par exemple, le quotidien Ouest-France a qualifié le transfert de l’ambassade américaine de «geste incendiaire». «La décision américaine de transférer son ambassade de Tel-Aviv à Al Qods, sans aucune contrepartie à ce jour connue, n’est pas seulement contraire à l’esprit de sept décennies de diplomatie. C’est un geste incendiaire dans une région qui ne manque déjà pas de braises», écrit le journal, soulignant que Trump «a écrit l’histoire» mais «dans le sang». 

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