lundi 14 mai 2018

Répression de la marche des résidents à Oran

La marche de protestation que devait organiser, hier, les médecins résidents de la région Ouest (Oran, Tlemcen, Sidi Bel Abbès), à l’appel de leur collectif autonome Camra a été réprimée. Le cortège devait s’ébranler du CHU Benzerdjeb d’Oran vers la direction de wilaya de la santé, en passant par les artères du centre-ville. Tous les accès de l’hôpital ont été fermés par les éléments de la police antiémeute mobilisés en force. «La marche d’aujourd’hui, comme les précédentes, a été programmée en coordination avec la police qui a eu connaissance de la date de la manifestation et du trajet. A la dernière minute, un officier est venu nous informer que notre marche est interdite sur instruction du wali», regrette le Dr Abderrahmane Ikbal, délégué des résidents du CHU d’Oran. A midi, plusieurs dizaines de manifestants ont pu contourner le dispositif policier et marcher à travers le boulevard Benzerdjeb situé au quartier Plateau, en allant vers le centre-ville. La foule des résidents a scandé des slogans hostiles aux autorités : «Ministre de la Santé sans pouvoir», «Dignité, solidarité», «Dites-le aux citoyens, on n’a pas de moyens». Des blessés ont été recensés parmi les manifestants, devant l’entrée de l’hôpital et le long du parcours vers le siège de la wilaya, déplore le délégué du Camra. «Certains camarades ont été matraqués. On déplore 4 cas de traumatisme crânien, dont un dans un état grave», recense le délégué du Camra, le Dr Ikbal, qui précise que ses camarades ont été «embarqués de force» dans les fourgons cellulaires. En réaction à la violence policière à l’encontre des résidents de l’Ouest, une cinquantaine de leurs camarades de l’Algérois ont organisé, en début d’après-midi, un rassemblement à la place du 1er Mai, en face du CHU Mustapha Pacha. Sans réaction, cette fois, des policiers. «Nous sommes outrés, choqués. Nous sommes solidaires de nos collègues résidents de l’Ouest. La contradiction dans le discours officiel est inadmissible. On nous dit que les marches sont interdites à Alger et autorisées ailleurs. La répression ne fait que réalimenter la contestation. On ne va pas se taire. On ne va pas sacrifier 6 mois pour si peu», lâche Mohamed Taileb, porte-parole du Camra. Dans le calme à Constantine A Constantine, les médecins résidents ont tenu, hier, un sit-in, devant le service de gynécologie-obstétrique du CHU Dr Benbadis. Contrairement à l’action d’Oran, le rassemblement s’est tenu dans le calme. «Notre action n’a pas été empêchée. Il n’y avait même pas de présence policière», relève le délégué national du Camra local, le Dr Abdelmoumen Hadibi. Déterminés, les quelque 500 résidents ont tenu à exprimer leur résistance face aux menaces de la tutelle. «Nous voulons dire qu’on est toujours là et que nous ne renoncerons pas à nos revendications, quel que soit le prix. Il s’agit d’un rappel pour les autorités. Notre regroupement aujourd’hui se veut comme une preuve de notre résistance contre les tentatives avortée des hautes autorités, qui ont voulu semer le doute au sein des grévistes», précise le Dr Mohamed Tahar Dridi, représentant des protestataires. Et d’avertir que la situation actuelle des hôpitaux et des médecins résidents nécessite l’intervention urgente du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, selon notre interlocuteur, est le «seul habilité» à concrétiser leurs revendications. «Nous sommes déterminés à ne pas assurer le service minimum, ni les gardes suspendues depuis avril, jusqu’à la prise en considération sérieuse de notre requête», affirme le Dr Dridi. Pour dénoncer les «actes d’intimidation, les manœuvres administratives et les menaces», le Camra appelle, dans un communiqué rendu public, hier, à un rassemblement à Alger demain.  

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