Si certains députés comptent proposer des amendements de fond de certains articles, d’autres appellent simplement au retrait du texte. Le contenu du projet de loi relatif à la santé, présenté hier en plénière à l’APN, a déçu plus d’un. Les différents intervenants des formations politiques, qu’elles soient de l’opposition ou autre, ont été surpris de voir le texte présenté par le gouvernement «prendre une orientation dangereuse pour le système national de santé publique» et sont unanimes à relever les députés parmi les 194 inscrits pour intervenir lors de ces deux journées de débat. Si certains comptent proposer des amendements de fond de certains articles importants dans la politique nationale de santé, d’autres appellent simplement au retrait de ce texte, notamment tous les partis de l’opposition. Le parti de Louisa Hanoune, le PT, en tête, a affiché sa position dès l’ouverture des travaux. Munis de pancartes où il est mentionné, entre autres, «Le droit à la santé, un droit fondamental», «L’argent public pour le secteur public», les députés du PT appellent au retrait de ce projet de loi. «Il s’agit d’un texte qui remet en cause la gratuité des soins et il est anticonstitutionnel. A travers ce texte, on comprend bien que l’Etat se désengage complètement du financement du système de santé publique au profit du secteur privé qu’il encourage. Il s’appuie sur la CNAS qui est aujourd’hui déficitaire», déplore le député Ramdane Taâzibt. «80% de la population algérienne consacrent leurs revenus pour subvenir aux besoins alimentaires, que leur restera-t-il pour se soigner ? Ainsi, on pousse les citoyens à recourir à la médecine alternative et au charlatanisme», a-t-il ajouté. Et de lancer : «Ce projet de loi n’est même pas amendable.» Pour les députés RCD, ce projet de loi, qui est d’une extrême importance, «ne répond pas à nos attentes, à celles des citoyens, notamment la mise en place des mécanismes pour que ce droit à la santé soit reconnu». Pour Fetta Sadat, en dehors du discours et des déclarations de principe, il y a «une manière insidieuse d’une remise en cause du droit à la santé assuré par l’Etat. A l’analyse de l’ensemble des articles, on constate qu’il y a un désengagement total de l’Etat, qui est censé être garant des droits. Une remise en cause des acquis au profit du secteur privé. Comme il est aussi scandaleux de constater une remise en cause de la protection de la santé de la mère et de l’enfant à travers la suppression des articles portant le droit à la promotion de l’allaitement maternel et à l’interruption thérapeutique de grossesse, lorsque le fœtus est atteint d’une maladie grave. C’est une fumisterie et une hypocrisie qui ne disent pas leur nom». Son collègue Saoudi Ouamar estime que pour prétendre à une gratuité des soins, il faut procéder à la révision de la nomenclature des actes médicaux pour que les Algériens puissent avoir accès aux soins. «Les ménages contribuent à près de 40% pour se soigner. Ce texte de loi est dangereux. En plus de son orientation en faveur du secteur privé, il y a un total recul sur de nombreuses questions liées à la santé des citoyens. Ce texte obéit à l’influence des lobbies. Au RCD nous appelons à son retrait.» Houria Oulebsir, députée RND et membre de la commission santé, regrette la suppression de certains articles portant sur la santé de la mère et de l’enfant. Elle fait référence aussi à l’article 75 concernant la prévention et le dépistage des handicaps évitables à la naissance. L’Etat met en place les moyens appropriés pour assurer le dépistage et la prévention des handicaps évitables. Lakhdar Benkhellaf de l’alliance Ennahda-El Adala-Bina a estimé que ce texte de loi ne favorise aucunement la gratuité des soins : «Nous demandons son retrait et à engager une réflexion avec toutes les parties concernées.» Au FLN, on parle plutôt de l’enrichissement du texte avec les amendements qui seront introduits. De son côté, le ministre, le Pr Mokhtar Hasbelloui, a indiqué que les réformes du système national de santé, consacrées par le nouveau texte, portaient sur nombre de principes essentiels, dont la gratuité des soins qui constitue «un acquis important pour le citoyen, consacrée clairement dans deux articles». Outre la consécration du principe de complémentarité effective entre les deux secteurs, privé et public, dans le cadre d’un «système sanitaire global», le ministre a souligné que ces réformes garantissent, aussi, les droits du patient, sur tous les plans, tout en réduisant le fossé entre les régions en matière d’accès aux soins.
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