dimanche 22 avril 2018

La rencontre de Paris

Paris, 7 avril, 31e anniversaire de l’assassinat du militant Ali Mécili. Des cadres du FFS, représentant les deux clans qui se disputent la tête du parti, dont des membres du présidium, se réunissent en présence de Jugurta Aït Ahmed, le fils du défunt Da Lhocine. La rencontre se déroule au sortir du recueillement au cimetière du Père Lachaise à laquelle a appelé Annie Mecili, la veuve de l’avocat assassiné. La cérémonie de cette année est marquée par un fait : Annie Mécili n’a pas donné la parole à un représentant du FFS. Un détail significatif. La crise du parti induite par la démission de Ali Laskri du présidium, qu’il laisse à sa plus simple expression avec la présence des seuls Aziz Baloul et Mohand Amokrane Chérifi, est à l’ordre du jour de la rencontre, en présence de Jugurta Aït Ahmed. Les présents ont réitéré l’accord conclu autour de la confection d’une liste consensuelle entre les deux parties pour le renouvellement de l’instance présidentielle. Un compromis est trouvé : Chérifi, Baloul et Laskri seront reconduits et seront rejoints par deux autres noms que les deux derniers proposeront. Le retour sur Alger s’est fait avec la promesse d’aplanir ce différend le 20 avril, à l’occasion du congrès extraordinaire. «Nous nous sommes entendus sur ce principe», nous révèle un cadre du parti, qui a requis l’anonymat. Le congrès extraordinaire du FFS, tenu à Zéralda, a déclaré vainqueur la liste de Ali Laskri dans laquelle figurent Mohand Amokrane Chérifi, Hayet Tayati Meziane, le sénateur Meziane Brahim et Chioukh Sofiane. Elle a pris beaucoup de monde à contre-pied, y compris par le fait de la présence de Chérifi que l’on disait être plus proche de Aziz Baloul. Chérifi a finalement accepté d’intégrer la liste de Laskri, en l’absence de Baloul, qui, à la dernière minute, s’est retiré, après que l’engagement pris pour une liste consensuelle ait été remis en cause. «La phrase concernant la liste du consensus a été enlevée du texte qui a été lu par Chérifi à l’occasion. La séance a été rapidement levée. Ils ont décidé de trahir le compromis», ajoute le même cadre. Selon notre source, les adversaires de Ali Laskri, dont Aziz Baloul, se sont retrouvés devant le fait accompli. «Nous avons choisi l’éthique et confectionné une liste à 13h, le jour même du congrès, soit à une heure du dépôt des listes», affirme-t-elle. Dans cette liste, conduite par Mohamed Nebbou, ex-premier secrétaire, ont été couchés les noms de jeunes élus du FFS dont les deux présidents d’APW de Tizi Ouzou (Youcef Aouchiche) et de Béjaïa (M’henni Haddadou) et le député de Bouira, Djamel Baloul. Avec 179 voix, cette liste a manqué de 45 voix pour chambouler les plans des membres sortants du présidium. «Cette liste aurait pu l’emporter. Décrocher 179 voix, c’est beaucoup vu les conditions de sa confection», estime notre source. Le nom de la députée Salima Ghezali, non congressiste, a été évoqué par certains militants du parti comme possible futur membre du présidium. Allait-elle être proposée par Aziz Baloul ? La seule femme du présidium, qui remplace la démissionnaire Saida Ichalamen, est Hayet Tayati Meziane, ex-directrice de l’EPSP de Bab El Oued. Avant qu’elle ne devienne députée du FFS en 2012, on l’avait connue dans une vidéo où elle tenait tête à Ould Abbès, ministre de la Santé à l’époque. Au sein du parti, des indiscrétions rapportent que Hayet Tayati s’était déjà accrochée avec Salima Ghezali. Le vote de ce 20 avril a ainsi fait bouger les lignes au sein de l’instance présidentielle du FFS à la faveur d’un travail de coulisses et de manœuvres qui ont souri à Ali Laskri mais fortement dépité les partisans du clan adverse. Cependant, le congrès extraordinaire pose autant, sinon plus de questions qu’il en a résolues. La mission de la nouvelle équipe est la préparation du congrès ordinaire de 2019. «Le présidium a montré ses limites, nous allons proposer de revenir à la formule d’avant avec un secrétaire national», nous dit un élu du FFS, qui a lui aussi requis l’anonymat. Mais avant le 6e congrès, l’enjeu se situe au niveau du renouvellement des fédérations et des conseils communaux du parti. C’est à ce niveau que risque de se prolonger la lutte des deux clans. «Nous nous battrons», nous dit notre source.

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