dimanche 22 avril 2018

Laskri renverse la situation et gagne la bataille

Le compromis n’a pas tenu longtemps. Il s’est fracassé sur le mur d’une crise organique insoluble. Le congrès extraordinaire du FFS, tenu le 20 avril, a renforcé le clivage interne en balayant le «consensus» espéré. Le député Ali Laskri par qui la crise a éclaté est sorti vainqueur de l’épreuve de force qu’il a engagée au sein du parti. Contrairement à l’accord «tacite» obtenu lors du conseil national extraordinaire du 9 mars dernier, devant «compléter» la liste de l’instance présidentielle (le présidium), le congrès a connu une tout autre tournure. Un retournement spectaculaire qui a pris de court les partisans du «consensus». Arrivés à la Mutuelle de construction de Zéralda où se tenaient les assises, les congressistes découvrent un Ali Laskri déterminé à en découdre. Contre toute attente, il a décidé de présenter sa propre liste rompant «l’accord du 9 mars». Elle est composée de Laskri lui-même, Mohand Amokrane Chérifi, Hayet Tayati (ex-député), Brahim Meziani et Soufiane Chouikh. Placés devant le fait accompli et dans l’urgence, ses adversaires, organisés autour de Aziz Bahloul (membre du présidium sortant), ont été contraints de confectionner une liste concurrente pour contrer Ali Laskri. Le message de Jugurtha Aït Ahmed (fils du leader historique), largement diffusé tôt le matin avant le congrès appelant au consensus, n’a pas été suivi par les congressistes. Il a été plutôt fortement contesté par des militants actuels et anciens. D’évidence, sa parole ne pèse pas. La manœuvre n’a pas fonctionné. Elle a été déjouée par le déroulement des travaux du congrès. «C’est vers 14h, en pleins travaux, que nous avons été contraints de présenter une liste, mais c’était trop tard, Ali Laskri s’est bien préparé depuis le dernier conseil national extraordinaire», nous confie un membre du secrétariat national opposé à M. Laskri. Pour ce dernier, Ali Laskri «n’a pas respecté la parole donnée». Naïf. La position de Mohand Amokrane Chérifi a beaucoup surpris aussi, tant l’homme avait donné des «garanties à son ami Aziz Bahloul de ne pas trahir le pacte». C’est mal le connaître. Votant(voyant que) la tendance n’était pas favorable à «son ami», il change de fusil d’épaule et se rallie à Laskri. Très contestés au sein du parti et accusés d’avoir «pris en otage l’appareil du parti», les Bahloul essuient ainsi un sérieux revers. Ils perdent la main et le contrôle sur l’appareil du FFS. Leur liste, composée du député Mohamed Nebbou, des deux présidents d’APW de Béjaïa et de Tizi Ouzou, du député Djamel Bahloul et de Beldjabri Oudjabri Karima, a été battue à plate couture. Elle a obtenu 179 voix contre 244 pour celle conduite par Ali Laskri. Longtemps influents au sein du FFS, y compris du vivant du leader historique, les Bahloul et leurs affidés se retrouvent minoritaires et surtout ils perdent pied  dans les instances dirigeantes du vieux parti. C’est la première fois que ce groupe a été affronté et battu à l’intérieur. La nouvelle instance présidentielle va nommer le premier secrétaire du parti, conformément aux statuts. L’actuel premier secrétaire, Mohamed Hadj Djilani, a de fortes chances d’être reconduit dans ses fonctions. Il est catalogué comme étant proche de Ali Laskri. Cependant, le secrétariat national connaîtra un remaniement profond et se séparera de quelques membres. Mais si Ali Laskri est sorti conforté et renforcé, le FFS, lui, en ressort encore plus affaibli. La saignée a été constatée lors de ce congrès. Sur les 1080 congressistes qui devaient prendre part aux travaux des assisses en leur qualité de participants, seuls 480 ont répondu à l’appel. La plupart ont quitté ou ont été exclus des rangs. Cela en dit long sur l’appauvrissement du parti en termes d’effectifs. En termes politiques, la situation est toute aussi identique.

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