Un séminaire national sur le développement du tourisme culturel et sa promotion a été organisé, lundi dernier à l’hôtel El Aurassi (Alger), par le ministère de la Culture et celui du Tourisme et de l’Artisanat. «Le tourisme culturel, partenariat au service de la destination Algérie» est le slogan qui a été choisi. Dans son allocution, Hacene Mermouri, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, a appelé au renforcement de la coopération et du partenariat entre les deux secteurs, dans le but de «relancer le rôle des sites archéologiques et culturels dans la promotion de la destination Algérie et dynamiser le développement économique national». Ambes Hocine, directeur de la communication et de la coopération internationale au ministère du Tourisme, prône «la nécessité de coordonner les efforts pour promouvoir la destination Algérie. C’est tout un programme. Comment être deux en un». Autrement dit, donner du sens à l’intersectorialité. En réalité, il faut créer un écosystème pour que les deux ministères travaillent ensemble. L’accès à l’information reste un outil stratégique pour la mobilité des personnes. 90% des voyageurs dans le monde cherchent l’information sur internet. Nous avons eu un écho très favorable après le passage de l’émission de la télévision française Thalassa et L’Algérie vue du ciel, mais nous avons sur les réseaux sociaux et sur internet un écart important à combler. Nous devons être présents sur toutes sortes de plateformes et supports et ne plus le faire uniquement avec les moyens traditionnels, comme le prospectus, le flyer et l’affiche, ou axer sur le rituel du chèche targui ou organiser des tombolas dans des salons. L’objectif est de susciter l’envie chez le touriste de faire le déplacement. Qu’est-ce qu’on a nous que n’ont pas les autres ? Telle est la question essentielle. L’Onat a une page Facebook qui reste en contact avec les touristes. Le ministre du Tourisme pense que l’action permanente et conjointe entre les deux secteurs «contribuera à la promotion de la destination Algérie et fera également office de passerelle entre le tourisme et le patrimoine civilisationnel». Le développement du tourisme culturel nécessite une politique nationale d’envergure, où tous les secteurs doivent s’entremêler en assurant une communication qui fasse la promotion de l’énorme potentiel existant. Malheureusement, force est de constater que la destination Sud reste quasiment la seule pour les touristes étrangers. Pour les touristes nationaux, celle des plages est la plus privilégiée, même si ces derniers cherchent des moments d’immersion uniques, des manifestations culturelles, à l’image de celles qu’on voit à l’international. Quant à faire connaître nos potentiels patrimoniaux, nos traditions, nos us et coutumes, cette question demeure mineure et pourtant, être Africain, Méditerranéen, Berbère, musulman, Arabe, prédispose l’Algérien à l’ouverture culturelle et civilisationnelle. Force est de reconnaître que si nous avons des atouts touristiques, nous ne possédons pas une culture touristique. Par ailleurs, le potentiel patrimonial immense constitue un atout économique non négligeable pour l’Algérie mais aussi un facteur de rapprochement entre les cultures et les civilisations et un facteur de compréhension entre les peuples et de consolidation de la culture de la paix. Multiples facettes et carrefour des civilisations Lors de cet événement, il a rendu publics un certain nombre d’indicateurs : la capacité d’accueil du parc hôtelier s’élève à 112 264 lits, le nombre d’établissements hôteliers a atteint 1289 hôtels répartis à travers le territoire national, 2220 agences de voyages agréées et 100 bureaux locaux de tourisme et des maisons d’hôtes qui ne cessent d’augmenter, notamment dans les Hauts Plateaux et le Grand Sud. Mettant en avant l’importance des stations thermales, M. Mermouri a fait état de 282 sources thermales, «dont la majorité se trouve au niveau des sites archéologiques et historiques», soulignant la nécessité de «prendre en charge ces sources qui serviront de pôles d’attraction des touristes en quête de détente ou de découverte de l’histoire et de l’aspect civilisationnel de ces régions». L’investissement se traduit par l’adoption de 1991 projets touristiques pour renforcer le secteur avec plus de 262 000 lits, dont 778 projets en cours de réalisation avec une capacité d’accueil de 100 000 lits. L’Algérie a connu l’affluence de 2 450 785 touristes, dont 1 708 375 touristes étrangers, soit une évolution de l’ordre de 17% par rapport à l’année 2016 en termes de total général et 23% en termes de touristes étrangers. On peut considérer cela comme des indices prometteurs, mais il y a une ombre au tableau : notre pays continue de se baser sur les chiffres de la PAF et des baigneurs sur les plages en été. Il y a un besoin d’affiner les chiffres. D’autre part, la destination Algérie est encore insuffisamment connue dans les marchés extérieurs et lorsqu’elle l’est, la situation sécuritaire et une image floue constituent encore un handicap sérieux. Pourtant, notre pays semble bénéficier d’un regain d’intérêt. Les enfants d’émigrés les plus nostalgiques sont revenus pour retrouver le paysage de leur enfance. D’autres ont pris l’habitude de passer leurs vacances en Algérie et s’y sont rendus essentiellement pour des raisons sentimentales. Pour retrouver des couleurs, la destination Algérie doit capitaliser sur son patrimoine. L’Algérie est, après l’Italie, le deuxième pays en termes de vestiges romains, qui dispose d’un désert, le Sahara, unique en son genre. Les touristes, à la recherche de points de repère, y retrouvent une fraîcheur, loin de la cacophonie que nous imposent les bruits des villes sans âme.
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