La maison de la Culture Ali Zamoum de Bouira a abrité, mercredi, deux conférences animées respectivement par l’écrivain et éditeur Brahim Tazaghart et le professeur Abderrazk Dourari, à l’occasion de la célébration du 20 Avril 1980. Le premier conférencier, dont le thème traité était : «Tamazight, défi d’avenir», considère que «la reconnaissance par l’Etat algérien de tamazight comme langue nationale et officielle et Yennayer comme fête nationale avait replacé la nation algérienne dans sa profondeur historique.» Cependant, cet acquis interpelle et incite à revoir, selon l’expression de Brahim Tazaghart, le roman national. «Le déficit entre l’avènement de l’islam et Chachnaq doit être comblé par un travail de réflexion des historiens et des intellectuels», dira-t-il. L’orateur a fait aussi appel à un vrai travail sur la spiritualité de l’Afrique du Nord. «Prenons le cas d’Arius l’Amazigh qui est le concepteur du christianisme primitif qui met en exergue la croyance en un Dieu unique et que Jésus est un envoyé de Dieu. Malheureusement, Arius a été effacé de la mémoire de l’histoire». Revenant à l’époque d’après l’avènement de l’islam en Afrique du Nord, Brahim Tazaghart estime qu’il faut œuvrer dans ce qu’il appelle «une mission de déconstruction/reconstruction de notre histoire. «A cette époque, notre histoire a été pensée par la dynastie des Banou Oumayyah. Or, l’islam existait déjà en Afrique du Nord avant l’avènement de cette dynastie. Il faut repenser cette histoire», insiste-t-il. Revenant à l’époque actuelle, M. Tazaghart a fait savoir que «toute loi organique qui serait contraire aux attentes de la population sera un coup d’Etat et un complot contre tout le processus de reconnaissance de tamazight. Cette loi organique doit compléter la Constitution et souligner que tamazight est une constante nationale». Pour lui, l’Académie de la langue amazighe doit être faite dans les standards universels, car tamazight n’est pas une langue d’indigènes. Conséquences «L’ère de l’approximation est révolu et les hautes autorités du pays en sont conscientes. Le pouvoir en place a encore le temps pour se rattraper et installer un système plus ouvert», ajoutera-t-il. Evoquant le volet de l’enseignement et de tamazight, M. Tazaghart estime qu’il doit être fait selon des conditions objectives via une planification et la prise en charge des spécificités régionales. Le professeur Abderrazak Dourari, quant à lui, s’est penché dans sa conférence sur les conséquences de l’officialisation de tamazight. «La Constitution de 2016 est une réhabilitation de notre culture, de nos ancêtres et de notre identité. C’est une vraie révolution, une rencontre avec soi-même. Nous devons renforcer ces acquis car rien ne nous a été offert», a-t-il fait savoir. L’orateur n’a pas manqué de souligner que la tâche après officialisation de tamazight est immense. «L’Etat nous a lancé un défi et c’est à nous de le relever. Nous devons donner à tamazight une dimension capable de véhiculer du savoir. Tamazight a besoin tout d’abord d’une base lexicale. C’est le rôle des institutions de recherche, auteurs, artistes, linguistes, etc.» M. Dourari a insisté à plusieurs reprises sur l’impératif de prendre en compte et de normaliser les variétés régionales de tamazight en Algérie. «Il faut tirer des leçons de l’expérience marocaine dans le domaine. L’amazigh standard qui a été mis en place en 2003 a débouché sur une catastrophe. Une langue que personne ne comprend. Même les enseignants ont refusé de l’enseigner…» Allant plus loin dans son analyse, M. Dourari exhorte les départements de la langue amazighe à se «réorienter en matière de formation et de recherche sur ce qui peut permettre à tamazight et ceux qui sont spécialisés dans cette langue d’être employés dans tous les secteurs en dehors de l’enseignement.»
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