Les gouvernements algérien et espagnol ont réussi à crever l’abcès des contraintes sur lesquelles butent les échanges commerciaux entre les deux pays. Les restrictions à l’importation imposées par l’Algérie ont été, en effet, au centre des débats entre les responsables des deux pays à l’occasion de la visite, hier à Alger, du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. C’est la secrétaire d’Etat au Commerce, María Luisa Poncela, qui a soulevé, en premier, cette question, dont se plaignent les entreprises de son pays. Intervenant à l’ouverture du forum d’affaires algéro-espagnol, elle appelle les autorités algériennes à réviser ses règles concernant l’investissement étranger et la levée de certaines restrictions sur l’importation. «Nous souhaitons que l’Algerie envisage la suppression de certaines mesures d’interdiction des importations», déclare-t-elle, en présence du ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi. Maria Luisa Poncela relève, dans la foulée, «les avantages de l’ouverture sur le marché international». Dans ce sens, elle s’appuie sur l’expérience de son pays qui, dit-elle, face à la crise économique de 2008, «ne s’est pas renfermé sur lui-même». «L’Espagne ne considère pas le déficit commercial (...) avec l’Algérie comme un problème, nous considérons comme un problème les restrictions posées par le pays aux importations de certains produits qui affectent sensiblement les exportations», lance-t-elle, estimant que «l’ouverture vers l’extérieur est la voie pour le redressement de l’économie algérienne». Poursuivant, elle rappelle qu’en raison «des restrictions sur les importations, les exportations espagnoles vers l’Algerie ont baissé de 11% en 2017». Et d’ajouter : «L’Espagne est restée loyale à l’Algerie et elle est considérée comme l’un de ses plus importants partenaires.» La ministre espagnole revient aussi sur l’environnement des affaires en Algérie en demandant un assouplissement des règles. Ouyahia : «Les mesures sont transitoires» Ces questions ont été ainsi abordées à bâtons rompus entre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia et la délégation espagnole conduite par Mariano Rajoy. C’est ce qu’a confirmé le premier responsable du gouvernement algérien lors d’un point presse animé conjointement avec son homologue espagnol. «Nous avons expliqué à nos amis espagnols que ces mesures (restrictions sur les importations, ndlr) sont transitoires. Et ils ont bien compris notre position», souligne-t-il. Une déclaration approuvée par Mariano Rajoy. A la clôture du forum d’affaires, Ahmed Ouyahia revient sur le sujet en précisant que le gouvernement est conscient de l’impact de ces mesures sur les échanges avec les fournisseurs traditionnels de l’Algérie. «Nous savons que ces mesures pèseront transitoirement sur les exportations de nos fournisseurs traditionnels, et nous espérons leur compréhension», relève-t-il, précisant que «ces mesures seront levées dans trois ans». Revenant sur la règle 51/49, Ahmed Ouyahia rappelle aux entreprises espagnoles et européennes que «des investisseurs d’autres continents s’installent dans le pays et prennent des parts du marché». «Vous pouvez vous installer chez nous. Il y a des opportunités d’investissement. L’Espagne pourrait compenser son manque à gagner commercial par les dividendes que rapatrieront ses entreprises qui s’engageront en Algérie», indique le Premier ministre, en reconnaissant que l’environnement d’affaires en Algérie «n’est pas encore parfait». Et d’ajouter : «Ces mesures de sauvegarde commerciale constituent de nouveaux incitatifs à investir en Algérie, où les opportunités sont multiples alors que le savoir- faire des entreprises espagnoles est varié également».
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