mercredi 9 mai 2018

Bordj Bou Arréridj : De Gaulle est passé par là...

Soixante-treize ans sont passés depuis la victoire des Alliés, la chute du IIIe Reich et surtout le rêve évaporé des Algériens d’accéder à l’indépendance. Cette année, la célébration de ce tournant décisif dans l’histoire contemporaine algérienne a eu lieu à Zemmoura, fief des moudjahidine de la Wilaya III historique, hostile à toute négociation avec l’envahisseur. D’où la visite, en 1959, du général de Gaulle pour mater la rébellion et faire avorter la Révolution, déjà à sa cinquième année. «En effet, c’est parce que la région était incontrôlable par l’armée coloniale, de par la géographie difficilement accessible, que de Gaulle s’est déplacé ici à Zemmoura en tentant, vainement, avec son discours habituel, de convaincre les populations autochtones à se rallier à sa doctrine. Or, selon ce que nous racontent des témoins oculaires, il a été accueilli froidement, au point où un citoyen, en le voyant quitter l’estrade, se faufila parmi la foule pour l’interpeller : ''Monsieur de Gaulle, le peuple veut son indépendance.'' De quoi donner des sueurs froides au général qui quitta les lieux bredouille», nous explique un historien, enseignant à l’université de M'sila. Le 8 Mai 1945, une date marquante pour le peuple algérien qui a payé un lourd tribut  pour se débarrasser du joug colonial. Face à des manifestants pacifiques, les forces combinées coloniales de l’armée, de la police et des milices répondent par des armes, provoquant un carnage estimé à plus de 45 000 victimes. Après quoi, de Gaulle, alors président du Conseil, adressa un message de sympathie aux familles des victimes, en soulignant, toutefois, qu’il ne laisserait porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie. Des décennies après, les Algériens victimes de la guerre ne se sentent pas intéressés par les dédommagements plus que la reconnaissance des crimes commis et l’ouverture des archives. Des voix s’élèvent, timidement, dans ce sens, mais d’autres restent cloîtrées dans le déni. Et qui mieux que Simone Veil, une rescapée des camps de concentration, une juste parmi les justes, qui résumait mieux que mille discours la réalité de l’ignominie de la colonisation ? Elle disait à ce titre : «Je n’oublierai jamais le moment où, pour la première fois, j’ai senti et compris la tragédie de la colonisation. Depuis ce jour, j’ai honte de mon pays. Depuis ce jour, je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un Algérien, sans avoir envie de lui demander pardon. Pardon pour toutes les douleurs, pour toutes les humiliations qu’on lui a fait souffrir, qu’on a fait souffrir leur peuple. Car, les oppresseurs, c’est l’Etat français. Il le fait au nom de tous les Français, donc aussi, pour une petite part, en mon nom.» En somme, au-delà des projets de développement, alloués à Zemmoua qui abrite le 73e anniversaire des événements du 8 Mai, le message à transmettre aux générations montantes, c’est de tourner la page de l’histoire sans la déchirer.    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire