L’itinéraire emprunté un mardi 8 Mai 1945 par des milliers de personnes des Hauts Plateaux sétifiens, venus fêter la victoire des Alliés et interpeller la France coloniale pour qu’elle tienne ses engagements, a connu hier la même effervescence pour que nul n’oublie. Ainsi des centaines de citoyens des différentes localités de la wilaya de Sétif ont emboité le pas à leurs aînés. Les scouts et les derniers rescapés de la boucherie et de nombreux descendants des victimes étaient de la partie. Emouvante et grandiose, la marche qui a regroupé plus de 4000 personnes a été ponctuée par le dépôt d’une gerbe de fleurs à l’endroit où est tombé le jeune Saal Bouzid, le premier martyr d’une boucherie perpétrée à huis clos. Avant de prendre part à l’imposante marche, la délégation officielle conduite par le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, s’est déplacée au cimetière de Sidi Saïd (Sétif), où elle s’est recueillie à la mémoire de nombreuses victimes enterrées dans deux fosses communes. Lesquelles (les victimes s’entend) ne bénéficient toujours pas du statut de chahid (martyr). Cette importante question qui revient au devant de la scène, une nouvelle fois, a été soulevée par de nombreux participants à la marche. «Il est de notre devoir d’immortaliser la marche du 8 Mai 1945. En accomplissant une telle mission, on rend hommage aux victimes, dont les sacrifices ne sont toujours pas reconnus. Il est à la fois inconcevable et anormal qu’on dénie le statut de martyr à ces chouhada, morts pour la patrie. On n’a pas le droit d’effacer d’un trait les sacrifices de milliers de personnes ayant donné leur vie pour que vive l’Algérie libre et indépendante. L’Etat Algérien, qu’on interpelle une nouvelle fois, doit non seulement rectifier le tir mais réparer une injustice ne disant pas son nom. Le moment est venu pour rétablir ces martyrs dans leurs droits. En perdurant, le silence des autorités risque de tuer une nouvelle fois ces braves», fulminent de nombreux Sétifiens s’expliquant mal le silence du ministère des Moudjahidine, de la famille révolutionnaire et plus particulièrement la fondation du 8 Mai 1945 n’ayant pas le droit d’occulter une telle question. Il convient par ailleurs de souligner que la célébration du 73e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 a été marquée à Sétif par la mise en service du premier tronçon du tramway de la ville, long de 15,2 km, de l’inauguration d’une méga centrale électrique, d’un hôtel Sheraton 4 étoiles et d’une salle de conférence de plus de 800 places du Park Mall, la pose de la première pierre de l’agrandissement de l’aérogare de l’aéroport du 8 Mai 1945 et la distribution de 1600 logements de différents segments.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire