mardi 15 mai 2018

Enième marche imposante à Béjaïa

La Coordination nationale des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques a tenu son pari. Un défi de non-fléchissement de la mobilisation en dépit de la sourde oreille qu’oppose l’administration centrale à leur revendication, et ce, depuis mars 2017. A cette date, le comité local avait engagé un bras de fer avec la direction du port de Béjaïa dans le but de débloquer le projet de l’usine de trituration de graines oléagineuses de Cevital ainsi que les autres projets publics structurants affectés à la wilaya. Hier, ils étaient des milliers de personnes à participer à la marche dite de «l’Espoir» du fait que les projets portés par Cevital représentent un espoir pour le développement de la région de par leur nature économique et environnementale. Ils constituent aussi une aubaine pour les milliers de chômeurs de la région et qui ont répondu à ce énième appel de la Coordination nationale des comités de soutien. Un élu du RCD à l’APC de Béjaïa a déclaré qu’en lançant la création d’un Epic pour le ramassage des ordures et le traitement des déchets, plus de 3000 demandes d’emploi ont été déposées, alors que l’établissement n’a besoin que de 200 ouvriers, et ce, pendant que plusieurs départs à la retraite ne sont pas remplacés, austérité oblige. La marche, qui s’est ébranlée du site du complexe agroalimentaire de Cevital vers le siège de la wilaya, a été marquée par une halte devant le portail du port de Béjaïa (EPB). Cela a permis aux animateurs d’adresser quelques messages à Djelloul Achour, PDG de l’EPB. «Libérez les projets de Cevital ! Libérez nos bateaux !», scandent les manifestants. Pour sa part, Mourad Bouzidi, porte-parole de la coordination nationale, envoie une mise au point verbale au responsable du port : «Monsieur le directeur, vous mentez ! Le groupe Cevital dispose aujourd’hui d’un terrain à l’extérieur du port avec acte de propriété, mais vous continuez de jouer votre rôle d’instrument, comme vous le dites si bien vous-même, mais instrument des lobbies en bloquant le déchargement des équipements.» Parmi les arguments chers au PDG de l’EPB, la saturation de l’enceinte du port est battu en brèche. Mourad Bouzidi a dénoncé la volte-face du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a été destinataire d’une lettre à laquelle aucune réponse n’a été donnée. Pourtant, regrette l’orateur, Ouyahia avait déclaré lors des élections législatives de 2017 que son parti «considère que la gestion de cette affaire au niveau du port de Béjaïa n’est pas la meilleure des gestions». Mieux, Ouyahia, qui a été chef de cabinet de Bouteflika à l’époque, a même plaidé pour «la décentralisation du pouvoir de décision économique par le renforcement des prérogatives des élus locaux».  Depuis 2017, selon Saou Rachid, militant du RCD et membre de la Coordination nationale des comités de soutien, «la seule personne qui s’est manifestée est le directeur du port, mais dans une tentative d’intimidation avec un dépôt de plainte à l’encontre du porte-parole du comité, Mourad Bouzidi». A ce sujet, un appel a été lancé pour un rassemblement de soutien au porte-parole du comité, pour le 20 mai devant le palais de la justice de Béjaïa, lors du procès en appel qui oppose ce dernier à la direction du port. Devant le siège de la wilaya, Mourad Bouzidi a exhorté «les élus de l’APW à prendre une position claire en élaborant, dans le cadre de l’assemblée, une résolution de soutien aux investissements de Cevital dans la wilaya de Béjaïa».  Pour lui, «il s’agit aujourd’hui du combat de l’Algérie qui veut exporter et créer des emplois et de la richesse contre celle des prédateurs et de l’import-import». Sofiane Adjlane a qualifié, au nom du RPK, la situation de «grave» avant d’interroger les décideurs : «Où voulez-vous nous emmener ?» Et d’accuser «le pouvoir de construire des frontières économiques en accordant des projets ailleurs et en gelant d’autres en Kabylie, créant ainsi un sentiment d’exclusion».   Dans la foule, étaient présents les députés du RCD, Atmane Mazouz, Nora Ouali et Lila Hadj Arab qui s’est déplacée de Tizi Ouzou, Khaled Tazagart du Front El Moustakbel, et des élus locaux du RCD, des représentants du village natal d’Issad Rebrab, ainsi que des travailleurs du groupe venus des quatre coins du pays. Dans leurs prises de parole, les animateurs ont rendu hommage à Djamel Zenati, Yasmina Khadra, et Houari Adi qui se sont prononcés en faveur du déblocage des investissements de Cevital.   

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