dimanche 6 mai 2018

«Il n’y a pas de politique de l’eau en Algérie pour exploiter rationnellement cette substance»

Propos recueillis par Amar Fedjkhi Les fortes précipitations enregistrées ces deux derniers mois, particulièrement en avril, présagent-elles d'une bonne saison agricole ? Ces précipitations sont une aubaine inattendue après le cumul de périodes de sécheresse successives ayant engendré le rabattement  du niveau  des réserves d’eau souterraines et des barrages, à tel point que même l’adduction  d’eau  pour les ménages était menacée. Toutefois, la fragilité  du secteur agricole, qui est multidimensionnelle, fait que même si la saison  des pluies est favorable, des goulots d’étranglement continuent de handicaper ce secteur qui, dans l’état actuel de sa fonction, a besoin de l’eau  certes, mais aussi d’être recomposé profondément afin qu’il puisse servir de créneau de richesses au lieu de charge pour l’Etat. Sachant que tout est importé et (ou) subventionné    L’agriculture, en particulier la culture des céréales, dépend-elle uniquement des eaux de pluie, ou doit-elle être suppléée par les fortes mobilisations des ressources hydriques en Algérie ? Il faut savoir que les eaux de pluie doivent être stockées en premier dans le sol pour alimenter le couvert végétal agricole et naturel. Ce qui n’est pas le cas du fait que le taux d’humus (matière organique du sol) est très faible (moins de 1%). Sous d’autres cieux, cette situation aurait alerté les centre de décision pour prendre les mesures qui s’imposent ; dès lors que la sécurité alimentaire  est intimement liée à ce facteur. Non seulement on a appauvri notre sol en adoptant une agriculture minière, mais en plus, le peu d’engrais disponible est distribué à travers un système sécuritaire  draconien inutilement, dès lors qu’un seul engrais est chimiquement manipulable pour des objectifs malveillants alors qu’il aurait pu être élaboré sous une forme liquide pour lui éviter un détournement d’usage. Au final, on injecte 100 kilogrammes d’engrais pour un hectare, soit 10 grammes par mètre carré. Un apport insignifiant pour aspirer à de meilleurs rendements. Lesquels rendements sont déjà limités  par les mauvaises conduites culturales, la mauvaise qualité des semences et autres produits d’entretien des plantations contre les fléaux naturels. La capacité de stockage des eaux au niveau des barrages est énorme, mais les agriculteurs ne cessent de déplorer le peu de moyens mobilisés dans le cadre d’irrigation des terres agricoles...   Pour la plupart de ces réservoirs, l’alimentation humaine est prioritaire. Dans bien des cas, ils n’arrivent même pas à l’assurer  (souvenons-nous de la période estivale 2017). Quant à l’usage agricole des eaux retenues par ces réservoirs, il est surtout destiné aux cultures maraîchères (pomme de terre en particulier). Il n’y a pas de politique de l’eau en Algérie pour exploiter rationnellement cette substance. Pire, on est allé jusqu’à envisager de produire de la pomme de terre à El Oued pour l’exportation au moment où la «ruse mondiale» consistait à importer les produits consommateurs d’eau et exporter  ceux  gourmands en eau d’irrigation. Quant aux céréales, elles demeurent pour l’essentiel des cultures pluviales, dont les précipitations au nord du pays sont «renvoyées» dans une large part par le phénomène d’évapotranspiration. L’irrigation significative de cette culture, au moins en tant qu’apport est indispensable. Toutefois, elle ne peut être envisagée à brève échéance au regard de la complexité de sa mise en œuvre.   Au sud du pays, par contre, on continue à faire dans l’aberration par rapport à l’exploration anarchique des nappes dont l’eau n’est pas renouvelable. Le phénomène de la salinité a infecté des milliers d’hectares de terre qu’on aurait dû sauvegarder avec une planification étudiée, ce qui n’est pas le cas.  

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