Alors, la question du cinquième mandat est-elle tranchée, pas encore, ou pas du tout ? A une année de l’élection présidentielle, une échéance par excellence qui engage l’avenir du pays, on est encore dans le flou. Les sorties médiatiques des soutiens du président Abdelaziz Bouteflika n’ont pas dissipé la brume qui enveloppe le rendez-vous de 2019. Au contraire, ils ont rajouté du fou sur le flou. Si, d’évidence, la question d’un autre mandat pour le chef de l’Etat en exercice n’aurait jamais été posée dans un temps normal, c’est-à-dire dans un pays où le fonctionnement démocratique de ses institutions sont régulées par des pratiques claires et la règle de l’alternance pacifique au pouvoir, force est de constater que toute l’Algérie est suspendue à un seul questionnement : fera-t-il ou ne fera-t-il pas un cinquième mandat ? Il est à craindre que le fait de s’interroger sur la décision que va prendre le locataire d’El Mouradia est déjà une manière d’envisager cette possibilité. Le Rassemblement national démocratique (RND) s’exprime sur la question avec beaucoup de prudence, même si l’on sait dans quel état d’esprit est le secrétaire général du parti et actuel chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, prêt à se lancer dans la bataille dans le cas où le président Bouteflika ne brigue pas un autre mandat. Son porte-parole, Sedik Chihab, affirmait avant-hier à partir d’Oran que «le cinquième mandat n’est pas encore tranché». Amara Benyounes, président du Mouvement populaire algérien (MPA), dira, lui, que «le président Bouteflika n’en a pas parlé». Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN, soutient quant à lui que les militants de l’ex-parti unique feront tout pour convaincre le chef de l’Etat de poursuivre sa mission. Hormis quelques insignifiantes nuances, les trois déclarations veulent dire à peu près la même chose : que la décision d’une candidature pour un cinquième mandat n’est pas encore prise. La différence est en effet ailleurs. Elle est dans le degré d’engagement que laissent deviner les trois sorties médiatiques. Contre l’analyse froide du responsable du RND, qui pense qu’une éventuelle candidature de sa part est «un sacrifice pour des impératifs politiques», l’attente du président du MPA, il y a la militance fervente du secrétaire général du FLN qui assure que le prochain président sortira des rangs du parti et ce ne sera autre que Abdelaziz Bouteflika. Djamel Ould Abbès est depuis quelques mois en campagne. Cette différence dans l’engagement exprime-t-elle la difficulté d’un consensus au sommet du pouvoir sur la question d’un cinquième mandat, ou est-ce juste un remue-ménage rendu possible par le flou entretenu en haut sur la réelle volonté du chef de l’Etat, ou à proprement celle des différents segments aux commandes du pays ? Entre ceux qui sont tapis dans l’ombre et attendent leur heure, et ceux qui veulent imposer «la continuité», c’est-à-dire une présidence à vie de Abdelaziz Bouteflika ? Dans tous les cas de figure, le pays se retrouve à la croisée des chemins, dans un contexte international dangereusement miné. En réalité, une seule option est à même de mettre l’Algérie à l’abri de ces menaces, le confortement de son front intérieur qui passera par la libération des Algériens par la décision de libérer l’alternance démocratique des ruses et des calculs étroits et égoïstes de pouvoir.
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