mardi 3 avril 2018

L’Algérie, un partenaire «stratégique» pour l’Espagne

Client principal mais bien discret. Pas de chassés-croisés diplomatiques, pas de ronronnants discours sur «l’axe Alger-Madrid», entre le royaume d’Espagne et la République algérienne, c’est décidément business d’abord, business ensuite. En dépit du «Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération» ratifié en 2002, de l’histoire, dense et séculaire, de la proximité géographique (à 200 km des côtes oranaises), les deux Etats se bornent à l’«essentiel», à savoir : sécurité énergétique, lutte contre le terrorisme, lutte contre l’émigration clandestine. Exit la circulation des personnes (avec seulement  100 000 visas accordés l’an dernier), les échanges et projets culturels, universitaires communs... C’est d’ailleurs pour les questions d’ «ordre stratégique» – comme le renouvellement des contrats gaziers de Gas natural Fenosa arrivés à expiration, à l’heure où les autorités algériennes promettent de renoncer au format du contrat long terme –, que Mariano Rajoy est, de nouveau, à Alger, aujourd’hui. Le président du gouvernement espagnol, qui n’est pas à sa première visite «éclair» en terre algérienne, présidera avec son homologue algérien, Ahmed Ouyahia, la 7e session de la réunion bilatérale algéro-espagnole de haut niveau. Programmée initialement pour 2017, cette réunion se tient dans un contexte d’éclosion d’affaires de corruption entachant les contrats espagnols en Algérie. Les affaires Elecnor et Fertiberia (18 millions d’euros de commissions payées à des dirigeants algériens pour le contrat de l’usine d’ammoniac d’Arzew) mises au jour par la justice espagnole jettent une ombre sur le tableau d’un partenariat qualifié de «stratégique» par le gouvernement espagnol. Dans son communiqué rendu public hier, le gouvernement Rajoy considère l’«Algérie (comme) un partenaire stratégique d’importance primordiale», puisqu’«elle fournit 49,8% du gaz consommé en Espagne» et «elle est aussi un acteur de premier ordre au Maghreb et dans l’Union africaine et un partenaire loyal et fiable (pour l’Espagne)». M. Rajoy sera accompagné d’une délégation écliptique composée, entre autres, des ministres des Affaires étrangères et de la Coopération, de la Défense, de l’Intérieur, de l’Energie et du Tourisme et du programme digital et de trois secrétaires d’Etat (éducation et de la formation professionnelle et des universités, du commerce et de la recherche, et celui du développement et l’innovation). Plusieurs accords et mémorandums devront être signés à l’issue de ces retrouvailles, notamment dans les segments de l’assurance agricole, la protection civile, les médias (publics) et les entités postales publiques. Cette réunion permettra de maintenir «ouverts tous les canaux de communication pour aborder les défis mondiaux et les questions d’intérêt régional, notamment celles d’actualité», souligne le cabinet de M. Rajoy, pour qui l’Espagne est «le pays de l’Union européenne qui a tenu le plus grand nombre de réunions de haut niveau avec l’Algérie» preuve «du degré d’engagement» avec les pays du Maghreb avec qui les «intérêts sont partagés». Contexte de crise et chute des prix des hydrocarbures obligent, et de contraction sévère des importations algériennes, l’Espagne a vu ses échanges économiques et commerciaux avec l’Algérie réduits de presque de moitié par rapport à l’année 2014, année durant laquelle l’Espagne a été consacrée premier client de l’Algérie avec 15 milliards d’euros de volume d’échanges. En 2017, c’est sept milliards d’euros de commerce bilatéral avec l’Algérie. Malgré ces «contre-performances», l’Espagne est, avec la France, l’Italie et la Chine, dans le peloton de tête des pays principaux clients et fournisseurs de l’Algérie, fortement présente dans les secteurs de l’énergie, de l’eau, de la gestion des déchets, du transport, de l’industrie chimique et de la navigation aérienne.

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