mardi 3 avril 2018

Les concessionnaires cèdent sur les prix

Acculés par le gouvernement et l’opinion publique, qui a crié au scandale suite à la publication des prix sortie d’usine des voitures assemblées en Algérie, les concessionnaires automobiles réagissent à leur manière. Restés discrets depuis le désaveu du gouvernement, les représentants des constructeurs commencent à donner des signaux positifs à l’opinion publique. Au moins deux marques ont déjà annoncé une baisse substantielle des prix de certains modèles. Sans donner l’impression de se déjuger, le groupe Glovis Kia, qui monte notamment des voitures du constructeur sud-coréen Kia Motors, a annoncé une baisse conséquente sur la voiture emblématique de marque, la Picanto. La petite citadine est désormais cédée à 1,39 millions de dinars (139 millions de centimes) contre 189 millions auparavant. La différence est de 500 000 DA. Le prix de vente est même inférieur à celui de sortie d’usine publié par le ministère de l’Industrie. Comment cela est-il donc possible ? Les responsables de la société, qui dispose d’un atelier de montage à Batna, donnent une explication très simple. Le directeur industriel de Globale Motor, Hacene Kemmar, a indiqué au site Maghreb Emergent que cette baisse est justifiée par le fait que l’entreprise a bénéficié d’une aide du Fonds national d’investissement (FNI). Comme les autres concessionnaires, la société a bénéficié d’exonérations fiscales et de taxes, comme la TVA. L’autre concessionnaire à faire un «geste» envers les consommateurs est Sovac. Le représentant du groupe allemand Volkswagen n’a pas baissé les prix. Mais il propose une nouvelle Golf, la Start+, à 3,3 millions de dinars, donc au même prix que la Start, moins équipée que la première. Le prix de sortie d’usine de cette dernière est de 2,49 millions de dinars, selon le tableau affiché par le ministère de l’Industrie. Ces annonces, même timides, font suite aux avertissements lancés récemment par le ministre de l’Industrie. Youcef Yousfi, qui avait en effet pressé les concessionnaires de jouer la transparence. Une exigence rappelée hier lors d’une visite à Bordj Bou Arréridj. «Si les autorités encouragent les constructeurs automobiles qui ont lancé leur projet, elles veilleront en parallèle à la protection des droits du consommateur et des citoyens en général», avait-il déclaré tout en notant qu’«il faut qu’il y ait de la transparence en matière des prix des voitures». La publication des prix sortie de l’usine des voitures assemblées en Algérie a suscité une grande polémique sur les réseaux sociaux. Une campagne visant à boycotter ces voitures a même été lancée par les internautes. Des groupes se sont créés. Mais face au déséquilibre du marché, les concessionnaires peuvent encore jouer sur la rareté des véhicules pour justifier les prix. Chez le français Renault, certaines sources indiquent que les commandes accumulées ces derniers mois dépassent 250 000. Or, le concessionnaire a un quota de voitures à assembler bien inférieur à la demande. Cela produit des délais d’attente encore élevés. Même si l’arrivée de nouveaux modèles, comme la Clio 4, vise justement à atténuer la pression. Il reste maintenant à savoir si tous les concessionnaires vont jouer le jeu.

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