Les massacres du 8 Mai 1945 dans les régions de Sétif, Guelma et Kherrata sont considérés rétrospectivement comme le début de la guerre algérienne d’indépendance et constituent un pan important de l’histoire coloniale. Cette tragédie, que la France mettra 60 ans à reconnaître, a eu lieu quand la population a voulu rendre hommage aux Algériens tombés durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le cortège, pointaient des drapeaux algériens. Ordre a été donné de tirer sur leurs porteurs. A Sétif, Guelma et Kherrata, la répression s’est poursuivie pendant des semaines, faisant des dizaines de milliers de morts. Dès le départ, le colonisateur français minimisera la portée des massacres et refusera d’en reconnaître l’horreur. Dans ses «mémoires de guerre», le général de Gaulle évoque un complot. «En Algérie, un commencement d’insurrection survenu dans le Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes du mois de mai a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau», écrit-il. En 2005, le président Bouteflika franchit le pas et compare les fours à chaux utilisés par les colons pour incinérer les cadavres d’Algériens tués dans le Constantinois aux «fours crématoires» des nazis. Quelques jours plus tard, il déclare que «les massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata ne sont pas seulement un génocide contre le peuple algérien, mais également “un génocide’’ contre l’identité algérienne». Les propos du président algérien sont une réponse à la loi votée par l’Assemblée française le 23 février 2005, qui évoque «l’œuvre positive» de la colonisation française. Il faut attendre 2005 pour que l’Etat français reconnaisse officiellement les massacres du 8 Mai 1945. Le 27 février 2005, l’ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, en visite à Sétif, déclare lors d’une allocution prononcée à l’intérieur de l’université Ferhat Abbas. «Je me dois d’évoquer une tragédie qui a particulièrement endeuillé votre région. Je veux parler des massacres du 8 Mai 1945 il y aura bientôt soixante ans : une tragédie inexcusable.» En 2012, lors d’un déplacement officiel à Alger, le président Hollande fait un pas de plus dans la reconnaissance des massacres, mais en se gardant de toute repentance. «Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal ; je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. Parmi ces souffrances, il y a les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata», avait-il déclaré. Lors de sa campagne présidentielle française, le candidat Emmanuel Macron a affirmé au sujet de la reconnaissance des massacres du 8 Mai 1945 que s’il était élu, il prendrait «des actes forts» et porterait «des discours forts sur cette période de notre histoire». Une année après son arrivée au pouvoir, les Algériens attendent toujours ces actes forts.
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